Gabon : les banques étrangères mettent la pression

Ouvertures d’agences, nouvelles offres, guerre des taux d’intérêt… Les filiales des groupes internationaux peaufinent leur stratégie pour gagner des parts de marché au Gabon. Les établissements locaux doivent s’aligner.

À Libreville, l’UGB multiplie les point de retrait. © AFP

À Libreville, l’UGB multiplie les point de retrait. © AFP

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© Vincent Fournier pour JA

Publié le 12 mars 2012 Lecture : 3 minutes.

Avec des projets d’investissement de plusieurs millions d’euros lancés presque chaque semaine, le retour d’une croissance régulière (+ 5,7 % en 2011) et un PIB par habitant parmi les plus élevés au sud du Sahara (8 500 euros en 2011), le Gabon aiguise l’appétit des banques. Après Ecobank et United Bank for Africa (UBA), qui se sont implantés dans le pays en 2009, d’autres grands groupes étrangers lorgnent ce marché.

Selon nos informations, le britannique Standard Chartered et un groupe italien dont le nom n’a pas été dévoilé auraient manifesté leur intérêt au plus haut niveau… De son côté, le français BNP Paribas négocie depuis plusieurs mois la prise de contrôle de la Banque internationale pour le commerce et l’industrie du Gabon (Bicig), dont il détient 47 % du capital, pour lui imposer sa propre stratégie. Les discussions entamées avec les autorités ont été suspendues et devraient reprendre après la nomination d’un nouveau gouvernement. Au cas où elles n’aboutiraient pas, le français Banques populaires Caisses d’épargne (BPCE) est déjà en embuscade.

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« On assiste depuis deux ans à un regain des investissements et de la demande de crédits », explique Claude Ayo-Iguendha, directeur général de la Bicig. « Le Gabon peut paraître un petit marché, mais il offre une marge de croissance très intéressante [seulement 228 000 comptes pour 1,5 million d’habitants, NDLR] », complète le directeur général d’une autre banque de la place. D’après l’Association professionnelle des établissements de crédits (Apec), 2011 a été une année charnière. Le total des dépôts auprès des neuf établissements présents a atteint près de 2,7 milliards d’euros (+ 43 % sur un an), les crédits accordés à la clientèle 1,7 milliard (+ 46,7 %), les placements bancaires 1,1 milliard (+ 52,8 %).

Affinités

Pour profiter de cette embellie, les groupes bancaires peaufinent leur stratégie. Ils sont conscients, toutefois, que les parts les plus intéressantes du « gâteau » provenant de l’État se distribuent par affinités et que BGFI Bank est privilégié sur ce terrain, « tandis que Citibank est le mieux placé pour tout ce qui concerne les flux financiers du secteur pétrolier », affirme un patron. Pour les autres, la bataille se concentre essentiellement sur les marchés des entreprises et des particuliers.

La bataille se concentre surtout sur les entreprises et les particuliers.

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Sur ce créneau, l’Union gabonaise de banque (UGB), filiale à 59 % du marocain Attijariwafa Bank, a pris de l’avance en multipliant les ouvertures d’agences et de distributeurs automatiques de billets. « À Libreville, il est facile de trouver un distributeur UGB dans un rayon d’environ 1 km, ce qui n’est pas le cas pour toutes les autres banques », indique un client. Cette stratégie commence à porter ses fruits. L’an dernier, l’établissement a attiré le plus grand nombre de clients, avec 21 682 comptes créés. Ce qui porte son parc à 81 749 comptes, derrière la Bicig (97 738) et devant BGFI Bank (21 773).

« Ecobank bouscule lui aussi le marché depuis son arrivée. Avec ses conditions d’ouverture de compte plus souples, la rapidité de ses services et ses horaires flexibles, il oblige les autres à s’aligner », affirme un client. La filiale du groupe panafricain basé à Lomé parvient ainsi à gagner elle aussi des parts de marché. Après un déficit de 2,9 millions d’euros en 2009, elle devrait annoncer un bénéfice d’environ 750 000 euros pour 2011.

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Outre les ouvertures d’agences et l’élargissement des offres (mobile banking), « les nouveaux arrivants s’attaquent aussi aux taux d’intérêt des crédits, qui de manière générale sont descendus de plusieurs points au cours de ces deux dernières années », explique Claude Ayo-Iguendha. Ainsi, selon nos sources, BGFI Bank a proposé un taux d’intérêt de 5,5 % pour décrocher au nez et à la barbe d’Ecobank le financement de la construction d’un centre d’affaires à Libreville, qui devrait coûter 45 millions d’euros.

BGFI Bank, dont la principale cible était jusqu’ici la clientèle fortunée (le ticket d’entrée est de 1 million de F CFA, soit 1 525 euros) et les PME à forte rentabilité, envisage par ailleurs de se tourner un peu plus vers la clientèle à revenus intermédiaires et modestes. De fait, sa filiale de microcrédit Loxia devrait devenir une banque de détail d’ici à la fin de l’année. Toutes les banques s’adaptent. Et même la Bicig, pour l’heure peu dynamique en raison des négociations entre ses actionnaires, s’efforce de développer une stratégie de proximité, avec l’ouverture d’agences et la mise en place de terminaux de paiement auprès de certains commerçants. 

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