L’Algérie gèle la délivrance des laissez-passer aux Algériens expulsés de France

Après le rappel de son ambassadeur à Paris, à la suite de la polémique née de l’affaire Amira Bouraoui, Alger a décidé de suspendre la délivrance des laissez-passer consulaires qui permettent la reconduction aux frontières des Algériens sous le coup d’une OQTF.

Gérald Darmanin, ministre français de l’Intérieur, lors d’une réunion intergouvernementale de haut niveau, à Alger, le 9 octobre 2022. © APP/NurPhoto)

Publié le 10 mars 2023 Lecture : 2 minutes.

Malgré les informations sur un retour imminent à Paris de l’ambassadeur algérien Saïd Moussi, l’heure ne semble toujours pas à la détente entre les deux capitales. En témoigne le dernier épisode en date du bras de fer : les autorités algériennes ont décidé de ne plus délivrer les laissez-passer consulaires, documents indispensables pour reconduire les Algériens visés par des mesures d’expulsion du territoire français, les fameuses « OQTF » (obligation de quitter le territoire français). Cette décision a été prise peu de temps après le rappel, mercredi 8 février, de l’ambassadeur d’Algérie en France suite à l’affaire dite Amira Bouraoui, cette Franco-Algérienne dont l’arrivée en France via la Tunisie a provoqué une crise diplomatique entre Paris et Alger.

Les autorités algériennes et françaises n’ont pas commenté cette décision, relayée depuis une semaine par plusieurs médias français. De leur côté, les médias algériens n’ont ni évoqué ni commenté l’information, faute d’avoir obtenu l’imprimatur. Le gel par tous les consulats d’Algérie en France de la délivrance des laissez-passer marque un sérieux coup de frein à la coopération entre les deux pays en matière de lutte contre l’immigration clandestine.

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Selon nos informations, plus de 150 laissez-passer étaient délivrés chaque mois par les consulats algériens afin de permettre à la police française de procéder à la reconduction dans leur pays des ressortissants frappés par une OQTF. Certains clandestins étaient expulsés via des vols spéciaux, d’autres à bord de vols réguliers.

Laissez-passer contre visas

Au cours de sa visite, en décembre dernier, à Alger, et alors que les relations entre les deux pays étaient au beau fixe après le voyage officiel effectué par Emmanuel Macron en août, Gérald Darmanin avait annoncé un retour à la normale dans l’octroi des visas aux Algériens, dont les conditions avaient été durcies en 2021. À l’époque, le gouvernement français avait justifié sa décision par le peu d’empressement des Algériens à coopérer en matière d’expulsion de leurs ressortissants.

Le retour à la normale annoncé par Darmanin, qui avait été reçu par le président Abdelmadjid Tebboune, faisait suite à l’annonce par les autorités algériennes de leur intention de délivrer davantage de laissez-passer consulaires.

En 2021, le sujet avait déjà donné lieu à une polémique entre les deux pays. Le ministère français de l’Intérieur avait communiqué en octobre sur le fait que 7 330 OQTF avaient été adressées à des Algériens sans papiers depuis le début de l’année. Un chiffre contesté par le président algérien, qui avait accusé Gérald Darmanin de mensonge.

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