La junte malienne reporte sine die le référendum constitutionnel

Au Mali, le gouvernement d’Assimi Goïta a officialisé ce vendredi le report du vote de consultation sur le projet de nouvelle Constitution qui devait avoir lieu le 19 mars, tout en assurant que des élections auront lieu en février 2024 pour permettre le retour des civils au pouvoir.

Le leader de la junte malienne, Assimi Goïta, le 22 septembre 2022, à Bamako. © OUSMANE MAKAVELI / AFP

Publié le 10 mars 2023 Lecture : 2 minutes.

« La date du référendum prévu le 19 mars 2023 […] connaîtra un léger report », a déclaré ce vendredi 10 mars, dans un communiqué lu devant la presse, le colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement. Il n’a pas précisé de nouvelle échéance. Le report de ce référendum ne faisait guère de doute depuis quelque temps.

Le projet de Constitution présenté comme final n’a été remis au chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, que le 27 février. Et quasi aucune disposition n’a été prise sur le terrain pour la tenue du référendum. Avec ce report, les militaires manquent à la première échéance d’un calendrier de consultations et de réformes qu’ils ont eux-mêmes communiqué et qui doit aboutir à des élections en février 2024 en vue d’un retour des civils aux affaires. Le référendum constitutionnel en est la première étape.

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Céder la place en mars 2024

Le colonel Maïga a minimisé la portée de ce contretemps. « Le chronogramme est un outil de planification », a-t-il déclaré devant les journalistes. « La date butoir reste la date que nous avons pu négocier avec la Cedeao [la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest] et le chef de l’État tient fermement au respect de cette date » de 2024, a-t-il affirmé.

Le calendrier élaboré par le gouvernement de transition et son engagement à céder la place en mars 2024 après des élections en février avaient convaincu la Cedeao, en juillet 2022, de lever un lourd régime de sanctions commerciales et financières infligé au Mali. La Cedeao, confrontée depuis le premier putsch des colonels maliens, en août 2020, à une série de coups d’État dans la sous-région, avait pris ces mesures de rétorsion en janvier 2022, quand les militaires avaient envisagé de se maintenir au pouvoir jusqu’à cinq ans.

« La nouvelle date du référendum sera fixée après concertation avec l’autorité indépendante de gestion des élections et l’ensemble des acteurs du processus électoral », dit le communiqué gouvernemental, justifiant le report par le temps nécessaire à l’installation de représentations de l’organe de gestion des élections à travers le territoire, et par la volonté de vulgariser le texte constitutionnel. Cette Constitution est un élément clé du vaste chantier de réformes invoqué par les militaires pour justifier de continuer à gouverner jusqu’en 2024.

Le coup d’État, un « crime imprescriptible »

Le projet renforce notablement le pouvoir du président. Dans la nouvelle Constitution, c’est le président qui « détermine la politique de la nation », et non plus le gouvernement. La pression exercée par la Cedeao pour que les colonels ne se présentent pas aux élections n’a pas dissipé les spéculations sur les intentions du colonel Assimi Goïta en 2024.

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Le projet de Constitution affirme que le Mali est une « République indépendante, souveraine, unitaire, indivisible, démocratique, laïque et sociale », alors que des imams contestent le principe de laïcité et ont appelé les fidèles à s’y opposer. Le projet proclame tout coup d’État « crime imprescriptible ». Mais les putschistes de 2020, qui ont récidivé en 2021 pour consolider leur emprise, seraient à l’abri puisque les faits antérieurs à la promulgation de la Constitution seraient couverts par des lois d’amnistie.

(Avec AFP)

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