Burkina Faso : le potentiel est là
Ministre de l’agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques
Le Burkina Faso, c’est 9 millions d’hectares de terres cultivables, exploités à seulement 46 %. Des terres irrigables évaluées à 233 500 ha (sans compter près de 500 000 ha de bas-fonds aménageables), valorisées à seulement 14 %. Un cheptel diversifié et considérable : 8 millions de bovins, 15 millions d’ovins et de caprins, 36 millions de volailles. C’est aussi plus de 3,8 millions d’hectares (14 % du territoire) d’aires classées et une faune variée, dont près de 6 000 éléphants, qui font du Faso une terre d’excellence pour l’écotourisme. Le potentiel est là.
L’agriculture constitue déjà la base du développement socioéconomique du Burkina Faso : elle contribue pour 30 % à son produit intérieur brut (PIB), assure la sécurité alimentaire des populations et fournit 61,5 % des revenus monétaires des ménages ruraux.
La stratégie de croissance du pays est donc intimement liée à l’essor de l’économie agricole. Celui-ci se joue actuellement à travers le Programme national du secteur rural (PNSR) 2010-2015, dont le coût global s’élève à 1 230 milliards de F CFA (près de 1,9 milliard d’euros). Le double objectif est, d’une part, de subvenir aux besoins alimentaires des familles en améliorant la production et la commercialisation des denrées et, d’autre part, de développer les cultures d’exportation à partir de pôles agro-régionaux. Ce qui doit permettre d’ancrer les populations dans le terroir, de créer des emplois et de générer des ressources sous forme de devises.
Les priorités restent, bien évidemment, l’amélioration des rendements et des revenus des paysans à travers une meilleure gestion des petites exploitations familiales, mais aussi la promotion des grandes fermes. Ce qui nécessite un meilleur accès à l’eau et aux techniques et technologies agricoles.
À cet égard, l’État a programmé à l’horizon 2015 la construction de 25 nouveaux barrages, la réhabilitation de 75 autres et la construction de nombreux ouvrages d’hydraulique pastorale, ainsi que l’aménagement de 50 000 ha de bas-fonds, 55 000 ha de périmètres en maîtrise totale de l’eau et la réhabilitation de 1 500 ha pour l’agriculture irriguée. Le projet phare des prochaines années est la mise en valeur du pôle de croissance agro-industriel de Bagré, situé dans la province du Boulgou, à 230 km de la capitale, où seront pratiqués la riziculture, la culture maraîchère, l’élevage, la pêche et l’aquaculture. L’implantation prochaine d’une unité de montage de tracteurs et de matériel agricole à Ziniaré, non loin de Ouagadougou, permettra aussi d’accroître la mécanisation.
Notre objectif est double : subvenir aux besoins alimentaires des familles et développer les cultures d’exportation.
Le développement du coton OGM, du riz Nerica, de cultures hybrides de maïs ainsi que des semences de niébé et de sésame très productives vont permettre d’augmenter les rendements. La coopération avec Taiwan a permis une progression spectaculaire de la production rizicole, et la mise en oeuvre du programme de développement de l’irrigation aide actuellement les producteurs à accéder à des techniques de pointe dans ce domaine (goutte-à-goutte, aspersion…) et à recourir à du matériel végétal amélioré.
Reste à favoriser la commercialisation de ces produits sur les marchés nord-africain, asiatique et européen. Et à développer d’autres cultures comme l’oignon, le haricot vert, la tomate, la fraise ou la mangue, qui ont des débouchés locaux, régionaux et internationaux. La construction d’unités de transformation sur le modèle des complexes existant déjà dans le sucre, la filature ou l’huile de sésame permettra de générer des emplois et d’améliorer la valeur ajoutée.
Ces innovations ne seront possibles qu’avec une meilleure gestion des espaces naturels. Certains dénoncent parfois l’accaparement des terres. La loi est très claire sur ce point, et la sécurisation des activités passe par le cadastrage et l’attribution de titres fonciers. Ce qui permet aussi de faciliter l’accès aux crédits bancaires. Pour les non-propriétaires, diverses formes de location sont envisageables, telles que le métayage ou l’attribution de baux emphytéotiques. La loi foncière de 2009 valorise le travail de la terre en reconnaissant trois types de propriétaires (État, collectivités territoriales et personnes physiques). L’État a sécurisé l’accès à la propriété des petits agriculteurs tout en permettant à de gros exploitants, qui disposent de moyens financiers, d’accéder au domaine agricole.
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