Allemagne : le pouvoir passe à l’Est !

Comme la chancelière Angela Merkel, Joachim Gauck, élu à la présidence fédérale après la démission forcée de son prédécesseur, est originaire de l’ex-RDA.

Joachim Gauck va devenir le troisième président fédéral. © Thomas Peter/Reuters

Joachim Gauck va devenir le troisième président fédéral. © Thomas Peter/Reuters

Publié le 12 mars 2012 Lecture : 2 minutes.

« Depuis qu’Angela Merkel choisit les présidents, les affaires marchent », ironise un dessin du quotidien Der Tagesspiegel montrant un camion de déménagement devant le château Bellevue, à Berlin, siège de la présidence de la République fédérale. En à peine deux ans, deux chefs de l’État ont en effet été contraints de renoncer à leurs fonctions – d’ailleurs essentiellement honorifiques. Le premier, Horst Köhler, en raison de déclarations contestées sur la guerre en Afghanistan ; le second, Christian Wulff, pour de fâcheuses affaires financières et de pressions sur la presse.

Alors, cette fois, plus de droit à l’erreur. Au terme de deux jours de tractations houleuses, Merkel a dû se résoudre, sous la pression de son allié libéral, à se rallier à la candidature de Joachim Gauck (72 ans), qui est très populaire et bénéficiait du soutien des principaux partis, à l’exception de Die Linke, qui regroupe une partie des communistes de l’ex-RDA. Il est vrai que cet ancien pasteur luthérien, divorcé et père de quatre enfants s’est naguère illustré dans la lutte contre le régime totalitaire d’Allemagne de l’Est.

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Traumatisme

Gauck est né en 1940 à Rostock, sur la Baltique. Il n’a que 11 ans quand son père est condamné par un tribunal militaire soviétique aux travaux forcés en Sibérie. La famille est restée sans nouvelles de lui pendant plusieurs années. De ce traumatisme naît sa passion pour la liberté et la démocratie. Dans les années 1980, il s’engage dans la défense des droits de l’homme au sein d’un comité d’opposants. À la chute du Mur, il prend la direction des archives de la Stasi, la police politique du régime communiste, avec pour mission de faire toute la lumière sur un demi-siècle d’espionnage et d’exactions.

Il a donc le profil idéal pour redorer le blason d’une présidence dont le prestige a mal résisté aux affaires et aux démissions en cascade. Lors de l’élection de 2010, il était déjà le favori pour le poste, mais Merkel lui avait préféré Wulff, plus jeune et plus proche de sa tendance politique. Dix-huit mois plus tard, Joachim Gauck tient sa revanche.

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