Birmanie : Thein Sein et la quadrature du cercle

Obtenir la levée des sanctions internationales, faire la paix avec les minorités ethniques et éradiquer le trafic de drogue. Les objectifs du président paraissent peu accessibles. Parce que contradictoires.

Paysans de l’État Shan : comment survivre sans la culture du pavot ? © Damir Sagolj

Paysans de l’État Shan : comment survivre sans la culture du pavot ? © Damir Sagolj

Publié le 12 mars 2012 Lecture : 2 minutes.

« La recherche de la paix avec les minorités ethniques est notre priorité », a déclaré le 12 février le président Thein Sein. Un défi de taille pour le ­Gorbatchev birman, qui n’ignore pas que, pour obtenir la levée des sanctions internationales, il doit mettre fin aux conflits armés qui, depuis l’indépendance (1948), opposent l’État dirigé par les Birmans à une vingtaine de groupes ethniques.

De fait, même si les États-Unis dénoncent le récent durcissement des conflits avec les Kachins (Nord), à Naypyitaw, la capitale, on se félicite d’avancées jugées « historiques » : un cessez-le-feu conclu en décembre 2011 avec l’État Shan (Est) ainsi que des accords de paix signés depuis avec les Karens (Sud-Est) et les Mons (Sud). Mais ces accords sont démentis par les dirigeants des minorités concernées. « On ne peut parler de cessez-le-feu, il faut d’abord discuter les conditions », affirme Pour Naw Zipporah Sein, de l’Union nationale karen, tandis que le colonel Sai Htoo, du Parti progressiste de l’État Shan, rappelle que « le cessez-le-feu n’est pas observé, [que] l’armée n’obéit pas aux ordres du pouvoir central ».

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Division

La hiérarchie militaire est en effet divisée entre les réformistes partisans de Thein Sein et les conservateurs fidèles à l’ex-junte militaire et peu enclins à appliquer les nouvelles consignes de paix. Ces divisions sont en outre exacerbées par le rapport trouble qu’entretient l’armée avec les rebelles, qui contrôlent la culture du pavot et le trafic des stupéfiants (opium, héroïne, etc.). La Birmanie est, après l’Afghanistan, le deuxième producteur d’opium (610 tonnes en 2011). Selon un rapport de la bibliothèque du Congrès américain, ce trafic illicite représenterait 40 % des exportations du pays.

Sur le terrain, la plupart des cessez-le-feu seraient donc négociés par les minorités en échange de la poursuite du commerce de la drogue, indispensable à leur survie. En résulte de la part de l’armée un double jeu. D’un côté, elle prélève des taxes sur la production d’opium en échange de la protection des convois vers la frontière thaïlandaise. De l’autre, elle détruit les champs d’opium et joue gros avec les rebelles. En novembre dernier, Naypyitaw a en effet réaffirmé sa volonté d’éradiquer toute espèce de trafic avant 2014. C’est donc à un véritable casse-tête que s’attaque Thein Sein.

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