La cheffe d’un réseau de prostitution extradée du Nigeria vers l’Italie
Arrêtée au Nigeria en juin, la cheffe d’un réseau de prostitution surnommée « Jeff Joy » va purger sa peine en Italie.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 10 mars 2023 Lecture : 2 minutes.
Ancienne prostituée nigériane de 48 ans, jugée par contumace en Italie et condamnée à 13 années de prison, Charity Omoruyi est accusée d’être l’une des principales responsables d’un vaste réseau criminel entre l’Afrique de l’Ouest et la « Grande Botte ». Interpelée au Nigeria il y a neuf mois, celle que l’on surnomme « Mommy » ou « Jeff Joy » vient d’être extradée par Abuja, en vertu d’un récent traité entré en vigueur en 2020. Il aura fallu que la Haute cour fédérale d’Abuja puis les autorités politiques nigérianes confirment l’extradition, avant que le ministre nigérian de la Justice Abubakar Malami et l’ambassadeur italien Stefano De Leo n’officialisent, le 10 février, cette expulsion qui est la première de cette nature.
Engrenage fatal
C’est le 8 mars que « Jeff Joy » est arrivée menottée à l’aéroport romain de Ciampino. Une date tout à fait symbolique, les « droits des femmes » célébrés ce jour étant largement bafoués dans ces réseaux de prostitution. De fait, ces derniers relèvent souvent moins d’un commerce volontaire du corps que d’un véritable trafic d’êtres humains. Appâtées par des billets d’avion et des promesses d’emploi, les femmes dont s’occupait la mère maquerelle devaient se prostituer parfois sous la contrainte, en Italie, en Espagne ou aux Pays-Bas. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), huit Nigérianes sur dix entrées illégalement en Europe pourraient être des victimes d’exploitation sexuelle.
Ce sont de véritables organisations criminelles nigérianes – comme la « Black Axe Confraternity » ou la « Supreme Eiye Confraternity »– qui règnent sur la prostitution européenne venue d’Afrique de l’Ouest, vraisemblablement avec l’aval d’organisations criminelles italiennes. Prises dans un engrenage de dettes à rembourser et souvent mineures, les migrantes n’ont plus que leurs yeux pour pleurer et le reste du corps à céder. Et les trafiquants n’hésitent pas à brandir des menaces de représailles face aux récalcitrantes éventuelles, revenues de leur naïveté et pleines de remords. Contre elles directement, mais aussi contre leurs proches restés au Nigeria, que ce soit à travers de violentes vindictes – pouvant aller jusqu’au meurtre – ou des actes de sorcellerie.
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