Corruption : la Banque mondiale sévit
Epinglées pour un contrat litigieux en Zambie, deux filiales d’Alstom ont été exclues de l’institution de Bretton Woods. Comme 24 autres entreprises depuis le début de l’année.
La porte des projets de développement financés par la Banque mondiale vient de se refermer brutalement sur deux filiales du groupe français de transport et d’énergie Alstom, et ce pour une période de trois ans. Mises en cause par la vice-présidence pour l’intégrité de la Banque mondiale, entité chargée de lutter contre la fraude, la collusion et la corruption, Alstom Hydro France et Alstom Network Schweiz vont en outre devoir verser 7,2 millions d’euros « à titre de restitution ». « La Banque mondiale est résolument déterminée à imposer des normes rigoureuses d’intégrité », a justifié Leonard McCarthy, vice-président de l’institution.
En cause : un contrat décroché en 1998 en Zambie portant sur un projet de réhabilitation du secteur de l’électricité (Zambia Power Rehabilitation Project) et financé en partie par la Banque mondiale. N’ayant pas de représentation sur place, Alstom a fait appel à un consultant local, ancien haut fonctionnaire, rémunéré 110 000 euros en 2002 pour pousser la candidature du groupe. À l’époque, la Banque mondiale ne s’était pas opposée à ce paiement.
Faire un exemple
Depuis, l’institution a eu des doutes et a mené son enquête. « Elle a découvert que ce consultant était une relation de l’ancien ministre zambien de l’Énergie, qui avait démissionné dix-huit mois avant la signature du contrat, se défend Patrick Bessy, directeur de la communication d’Alstom. La Banque mondiale réécrit l’histoire et veut faire un exemple. Nous ne reconnaissons pas les faits, mais nous acceptons la sanction. L’impact de cette décision est très limité : l’action Alstom a gagné 3 % aujourd’hui [le 22 février, jour de la décision de la Banque mondiale, NDLR]. »
Alstom est la 25e entreprise radiée par la Banque mondiale depuis janvier pour des soupçons de corruption. Mais l’institution de Bretton Woods n’est pas la seule à chasser les malversations opérées en Afrique. Selon le Financial Times, la Securities and Exchange Commission et le département américain de la Justice soupçonnent Nazaki Oil & Gas, partenaire local du texan Cobalt International Energy (filiale de Goldman Sachs), d’avoir monnayé auprès d’officiels angolais des droits d’exploration pétrolière. À suivre.
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