Torture au Togo : les brûlantes vérités de Koffi Kounté
Après avoir révélé des actes de torture dans l’affaire Kpatcha, Koffi Kounté, le président de la Commission des droits de l’homme au Togo s’est réfugié en France.
Koffi Kounté, 52 ans, est formel : il n’est pas un opposant à Faure Gnassingbé, bien au contraire. On l’a même autrefois soupçonné d’être à la solde du gouvernement. En cet après-midi du 22 février, en région parisienne, il explique : « Mes relations avec le président de la République [du Togo, NDLR] sont très bonnes. Il a beaucoup d’estime pour moi et apprécie la sincérité avec laquelle je lui ai fait part des problèmes que nous rencontrions dans notre mission. » Et c’est cette franchise, déclare le président de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) du Togo, qui l’a incité à publier, le 20 février, le rapport d’enquête confirmant que des actes de torture ont bien été commis sur les accusés de l’affaire Kpatcha. Deux jours plus tôt, le gouvernement n’avait rendu public qu’un document édulcoré.
J’ai essayé d’expliquer à mes interlocuteurs qu’accepter ce rapport et prendre des sanctions exemplaires serait la preuve que le gouvernement s’inscrit dans une logique de lutte contre l’impunité.
Le 19 février, Koffi Kounté a quitté le Togo sans encombre pour Paris, où il a été rapidement reçu au ministère des Affaires étrangères. Depuis, il négocie sa propre protection et celle de sa famille. « Lorsque vous avez résisté, plusieurs jours, aux pressions de certains conseillers du président et que vous avez pris une décision mettant en cause de hautes personnalités [officiers des services de renseignements et de la gendarmerie], il semble prudent de se mettre à l’abri. »
Ingrat
Au moment où le Togo est membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies pour les deux prochaines années, une telle affaire risque de ternir son image. « J’ai essayé d’expliquer à mes interlocuteurs qu’accepter ce rapport et prendre des sanctions exemplaires serait la preuve que le gouvernement s’inscrit dans une logique de lutte contre l’impunité – en vain. »
Accusé aujourd’hui par certains médias nationaux de se montrer ingrat à l’égard des autorités du pays, Koffi Kounté se défend : « Fondamentalement, la politique ne m’intéresse pas. En plus, ma profession ne m’autorise pas à en faire. » En effet, on ne lui connaît aucun passé de partisan. Juriste formé à l’université du Bénin puis à l’École de la magistrature du Togo, Koffi Kounté assure qu’il a été élu, en 2007, à la tête de la CNDH pour son parcours d’infatigable militant des droits de l’homme. Il s’apprêtait d’ailleurs, dans les semaines à venir, à entamer un second mandat de quatre ans à la tête de l’institution.
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