Côte d’Ivoire – Eau : les bémols du monopole

Faute d’un engagement suffisant, la Côte d’Ivoire est confronté à un important déficit en eau courante. Mais la mainmise de la Sodeci sur la distribution n’est pas remise en question pour autant.

Collecte d’eau potable à Abobo, un quartier d’Abidjan. © AFP

Collecte d’eau potable à Abobo, un quartier d’Abidjan. © AFP

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Publié le 1 mars 2012 Lecture : 3 minutes.

Accès à l’eau : le grand défi africain
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Accès à l’eau : le grand défi africain

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Des jeunes filles portent en équilibre sur la tête des cuvettes pleines à ras bord. Cette scène banale ne se déroule pas dans un village sans eau courante de Côte d’Ivoire, mais à Cocody, la commune la plus riche du pays. Une fois par jour, ces habitantes du quartier Mahou – où les coupures font partie du quotidien – viennent s’approvisionner chez le revendeur d’eau courante. Le déficit dans le pays s’élève à 184 000 m3 par jour, dont 150 000 m3 rien qu’à Abidjan.

Monopole atypique

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Responsable toute désignée de cette situation ? La Société de distribution d’eau de la Côte d’Ivoire (Sodeci), détenue majoritairement par le français Bouygues et à qui revient le monopole de l’activité. Désignée oui, coupable non. Car la Sodeci est liée à l’État par un contrat d’affermage signé en 1997 et renouvelé en 2007. Un monopole atypique qui fait de l’État le propriétaire du secteur de l’eau chargé de réaliser les investissements, tandis que la Sodeci lui soumet ses études et exploite les infrastructures.

Difficile recouvrement en ex-zone rebelle

L’ex-zone Centre-Nord-Ouest contrôlée par les Forces nouvelles représente 10 % du chiffre d’affaires de la Sodeci. « De 2002 à 2010, le manque à gagner en termes de chiffre d’affaires est d’environ 30 milliards de F CFA [45,7 millions d’euros, NDLR] », précise le directeur général Basile Ebah. En cause, le refus par les abonnés de cette zone du paiement des factures pendant la crise politico-militaire. Après la signature de l’accord politique de Ouagadougou en 2007, la Sodeci a repris avec difficulté la facturation qu’elle avait interrompue. Depuis la fin de la crise, en avril 2011, les choses ont quelque peu évolué : le dernier taux de facturation avoisine les 62 % et le recouvrement est actuellement proche de 25 %. Le compte n’y est toujours pas. A.S.K.

Après un demi-siècle d’existence, « des résultats ont été obtenus, mais des difficultés demeurent », de l’avis du directeur général, Basile Ebah. Au nombre des acquis : 789 localités desservies, 359 unités de production, 292 châteaux d’eau et 536 forages, 183 millions de mètres cubes produits par an… Le tout au bénéfice des 680 287 abonnés individuels pour un total de 7,9 millions d’usagers ivoiriens. Au chapitre des difficultés, le manque d’investissements depuis plusieurs années, conséquence des crises successives qu’a traversées le pays.

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En décembre, à l’occasion de la célébration des 50 ans de la Sodeci, Patrick Achi, ministre des Infrastructures économiques, a indiqué que « c’est peut-être en 2013 que l’ensemble des problèmes [que connaît le pays] dans le secteur sera résolu, avec les grands moyens qui seront mis en oeuvre » dans le cadre notamment du programme présidentiel d’urgence, qui consacrera 5,5 milliards de F CFA (8,4 millions d’euros) à la consolidation du service d’eau potable dans 49 localités.

Nouvelles usines

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En attendant, des efforts sont déjà consentis cette année. À Abidjan, deux nouvelles unités de production de 60 000 m3 d’eau par jour sont en cours de réalisation, et les études pour la construction de deux usines d’une capacité quotidienne de 212 000 m3 sont bouclées. Coût des investissements : 120 milliards de F CFA. À l’intérieur du pays, des travaux de renforcement des moyens de production et de distribution dans six villes, dont Bouaké et Korhogo, sont en cours, pour un montant de 23 milliards de F CFA.

Pour l’heure, la remise en question du monopole n’est pas à l’ordre du jour. Démonstration de Basile Ebah : « Prenons le cas d’Abidjan : on a des clients qui ont des branchements, on a des usines. Les réseaux d’eau potable sont déjà posés dans les quartiers. Va-t-on demander à un opérateur d’exploiter un quartier et à son concurrent d’en exploiter un autre, sachant que toute l’eau qui alimente les maisons vient du même endroit ? Ça risque d’être un peu compliqué… ».

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