Cameroun – Eau : Yaoundé à l’heure du système D

Face à la pratique illégale de la revente d’eau, l’Etat a créé une commission anticrise qui alimente gratuitement les quartiers les moins raccordés. En attendant des travaux d’aménagement.

L’État a décidé d’alimenter gratuitement les quartiers les moins raccordés. © AFP

L’État a décidé d’alimenter gratuitement les quartiers les moins raccordés. © AFP

Clarisse

Publié le 1 mars 2012 Lecture : 2 minutes.

Accès à l’eau : le grand défi africain
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Accès à l’eau : le grand défi africain

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Le badge épinglé sur sa blouse verte indique : « Fournisseur privé ». À 27 ans, le Camerounais Alain Eloundou s’est improvisé vendeur ambulant d’eau potable à la faveur des pénuries, récurrentes à Yaoundé depuis plus d’une décennie. Sa tournée débute aux aurores dans les quartiers périphériques d’Emana, de Mendong et de Damas. Sa petite entreprise ne connaît pas la crise. Il livre jusqu’à 50 fûts de 20 litres, six jours sur sept. Estimés à quelque 90 000 F CFA mensuels (137 euros), ses bénéfices le placent un cran au-dessus du vendeur d’eau en bouteille ou en sachet, qui, avec des ventes à 50 F CFA le sachet et 100 F CFA la bouteille de 1,5 litre, arrive péniblement à 24 000 F CFA par mois. Un joli retour sur investissement pour ce propriétaire d’un puits et d’un forage.

Commission anticrise d’eau

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Alain Eloundou est loin d’être un cas isolé, tant la capitale concentre les problèmes liés à la distribution de l’eau potable en Afrique : abaissement périodique du niveau du fleuve, vétusté des équipements, instabilité du courant électrique et, de surcroît, configuration topographique peu favorable. En conséquence, alors que les besoins en eau de Yaoundé sont estimés à quelque 300 000 m3 par jour, les habitants doivent se répartir les 100 000 m3 que produit la station de traitement d’Akomnyada, située à une quarantaine de kilomètres.

Afin d’éviter de telles pratiques, le gouvernement a créé en octobre 2011 une commission anticrise d’eau. Composée des représentants de la brigade des sapeurs-pompiers, de la police, du conseil municipal de Yaoundé et de la société publique Camwater, elle fournit gratuitement jusqu’à 120 m3 par jour, selon une distribution tournante, à trois quartiers parmi les dix-sept les moins alimentés. Une rustine qui ne permettra pas de faire l’économie de vrais travaux d’aménagement.

Pour une amélioration globale de la situation, le gouvernement préconise de réhabiliter la station de traitement d’eau de la Mefou, à l’arrêt depuis 1990. Au terme des travaux cofinancés par l’Agence française de développement (AFD), la Banque européenne d’investissement et Camwater à hauteur de 72 milliards de F CFA (109,8 millions d’euros), elle aura une production journalière de 50 000 m3, théoriquement en 2013. Les populations, elles, s’inquiètent de constater que, six mois après le début des travaux, on en est encore au terrassement.

Vaste chantier

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Parallèlement, l’extension de la station d’Akomnyada est prévue, ce qui devrait augmenter sa capacité de production de 50 000 m3, la faisant passer à 150 000 m3. Ensemble, les stations d’Akomnyada et de la Mefou produiraient ainsi 200 000 m3 à l’horizon 2015, ce qui reste insuffisant. À plus long terme, Yaoundé table sur une future alimentation en eau potable à partir du fleuve Sanaga, avec une production de 300 000, voire 400 000 m3 par jour.

Basile Atangana Kouna, ministre de l’Eau et de l’Énergie, veut y croire. « Ce qui compte, c’est que le Cameroun est un vaste chantier. Une enveloppe globale de 400 milliards de F CFA a été débloquée, dont 200 milliards ont déjà été affectés à différents projets » , assure-t-il.

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