Tunc Basegmez : « Renault Tanger a donné du travail à la France »
L’inauguration de l’usine marocaine a provoqué des remous à Paris, où des politiciens ont crié à la « délocalisation ». Réponse du directeur de l’usine, Tunc Basegmez, qui détaille les prochaines étapes du projet.
Inaugurée le 9 février par le roi du Maroc Mohammed VI et le PDG de Renault, Carlos Ghosn, l’usine de Tanger est en plein rodage. Aux manettes : le Turc Tunc Basegmez, 56 ans. À partir de 2014, 340 000 véhicules sortiront chaque année des chaînes de l’usine… qui sera alors la plus grande d’Afrique.
Jeune Afrique : Des politiciens français ont tiré à boulets rouges sur l’ouverture d’une usine Renault au Maroc. Quelle est votre réaction ?
Tunc Basegmez : Je sais bien que la France entre en période électorale, mais certaines déclarations m’ont fait mal au coeur. Pour Renault, il n’était pas envisageable de fabriquer un véhicule low cost en France. En outre, Renault Tanger a donné du travail à la France. Dire le contraire, c’est manquer de respect aux ingénieurs français qui participent depuis trois ans au projet !
À quelle étape du lancement de la production en êtes-vous ?
Le 27 janvier, la direction de la qualité nous a donné l’accord de fabrication pour le Dacia Lodgy. Un jalon qui nous a permis de fabriquer nos premières voitures. Aujourd’hui, nous avons fabriqué environ 600 véhicules, avec un rythme de 50 par jour, mais nous devons atteindre 30 véhicules par heure en avril.
À la fin de l’année nous devrions être 4 500 salariés.
Quand sera commercialisé le monospace compact Lodgy ?
Le modèle sera officiellement lancé au salon de Genève [du 8 au 18 mars 2012, NDLR]. D’ici à l’été, les voitures seront commercialisées au Maroc et en Europe. À terme, elles seront vendues dans plus de 100 pays, jusqu’au Mexique !
Vos équipes marocaines sont-elles au complet ?
Fin janvier, nous étions 2 500 salariés. Nous avons une seule équipe de production, mais nous sommes en train d’en recruter une seconde, pour passer en mai à une fabrication en deux fois huit heures. Si les conditions de marché se maintiennent, nous embaucherons une troisième équipe d’ici à novembre. À cette date, nous devrions être 4 500 employés. Tous seront formés selon les standards Renault.
Du coup, combien de voitures allez-vous fabriquer ?
Pour 2012, nous prévoyons 76 000 véhicules, dont une majorité de Lodgy, mais nous commencerons aussi à produire un nouveau petit véhicule utilitaire, lui aussi de la gamme Dacia. En 2013, nous devrions tourner à pleine capacité, soit 170 000 voitures, et nous installerons une seconde ligne de fabrication, identique à la première. Elle nous permettra d’atteindre 340 000 véhicules en 2014.
La logistique suit-elle la cadence ?
Nos sous-traitants, à 50 % locaux, sont eux aussi en phase de rodage. Notre relation avec eux est un point de vigilance. Nous avons quinze grands fournisseurs marocains, dont neuf ont construit de nouvelles usines. Il nous faut améliorer la communication avec eux pour qu’ils aient la bonne réactivité par rapport à nos besoins. Pour l’approvisionnement, des pièces arrivent de Roumanie, de Turquie, d’Espagne et de Tunisie, et les infrastructures portuaires fonctionnent parfaitement.
L’installation de Nissan à Tanger est-elle encore d’actualité ?
Pour le moment, Tanger est une usine Renault. Mais notre partenaire n’a pas abandonné l’idée de venir. Un emplacement lui est réservé. À titre personnel, je préférerais qu’il attende 2014, que nos propres installations soient rodées… Cela dit, nous collaborons avec l’usine de Nissan à Chennai [Inde] sur la formation et la qualité.
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Propos recueillis par Christophe Le Bec
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