Pékin – Hong Kong : frères ennemis
Entre l’ex-colonie britannique et le gouvernement central, le malaise est profond. Sur internet et ailleurs, les invectives volent bas !
Un criquet géant face à la baie et, en lettres noires, cette virulente diatribe : « Nous en avons assez, Hong Kong se meurt ! Êtes-vous prêts à dépenser 1 million de dollars [locaux, soit 98 000 euros, NDLR] toutes les 18 minutes pour éduquer les enfants chinois du continent ? » L’encart publicitaire a paru le 1er février dans l’Apple Daily, le quotidien à grand tirage de Hong Kong. Il ressemble fort à une déclaration de guerre. Dans la ligne de mire, les dizaines de milliers de Chinoises du continent qui, chaque année, se rendent dans l’ancienne colonie britannique (rétrocédée à la République populaire en 1997) pour mettre au monde leur second enfant et contourner la loi sur l’enfant unique. Car, du coup, les Hongkongaises se heurtent aux pires difficultés pour être admises dans une maternité !
Des ploucs ! La passe d’armes entre les 7 millions de Hongkongais et la mère patrie a commencé le mois dernier avec la diffusion en boucle sur internet d’une vidéo amateur montrant une gamine chinoise engloutissant des nouilles instantanées dans le métro, tandis que les passagers s’offusquent de ses mauvaises manières. « Des ploucs sans éducation », commente un blogueur. « En plus, ils sont bourrés de fric », renchérit un autre, qui a participé à une manifestation devant la boutique Dolce&Gabbana de Kowloon pour protester contre la politique discriminatoire de la marque – qui autorisait les Chinois à prendre des photos, mais pas les autochtones.
La riposte a été immédiate. Dès le 19 janvier, un certain Kong Qingdong, professeur à l’université de Pékin, s’est enflammé : « Les Hongkongais ne sont que des bâtards, des voleurs, des chiens coloniaux à la solde du gouvernement britannique. » Tollé à Hong Kong, où des internautes mettent en ligne un photomontage d’un Hongkongais seul face à une colonne de criquets envahisseurs, allusion à la célèbre photo de l’étudiant s’opposant aux chars sur la place Tiananmen, en 1989.
Bref, le malaise est profond et la liste des doléances hongkongaises fort longue : engorgement des maternités, hausse des prix de l’immobilier, listes d’attente dans les écoles, comportements de nouveaux riches, etc. Très attachée à son passé, la région administrative spéciale qu’est aujourd’hui Hong Kong veut à tout prix préserver son identité et ses libertés démocratiques, qu’elle soupçonne Pékin de vouloir remettre en question. Pour rien au monde elle ne renoncerait à son mode de vie, que Chris Patten, le dernier gouverneur de la colonie, qualifia, dans son discours d’adieu, en juillet 1997, d’union entre « le meilleur de l’Orient et le meilleur de l’Occident ».
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