Condamnation des journalistes qui voulaient faire chanter Mohammed VI

Les journalistes français Éric Laurent et Catherine Graciet, accusés de chantage à la publication d’une enquête compromettante pour le Palais, écopent d’un an de prison avec sursis. L’avocat du Palais royal se dit « satisfait ».

Un numéro du quotidien Al-Massae du 29 août 2015 avec les portraits des deux journalistes français accusés d’avoir tenté de faire chanter le roi du Maroc pour obtenir 2 millions d’euros. © FADEL SENNA/AFP

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Publié le 14 mars 2023 Lecture : 2 minutes.

Huit ans après les faits, le verdict tombe enfin. Accusés de chantage contre la famille royale du Maroc en 2015, les journalistes français Éric Laurent et Catherine Graciet viennent d’être condamnés à un an de prison avec sursis et 10 000 euros d’amende par le Tribunal judiciaire de Paris. Contestant toujours le caractère de « menace » mais admettant une « erreur déontologique », la défense a tout de suite fait appel.

Les prévenus encouraient jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende. L’avocat du Palais royal, Me Ralph Boussier du Cabinet Normand & Associés, se dit toutefois « satisfait » du verdict : « Il est conforme à la jurisprudence classique. D’autant plus qu’on est face à des “primo-délinquants”, et que c’était ce qui était initialement requis par le parquet. »

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Durant l’été 2015, les journalistes avaient tenté de négocier un arrangement financier avec l’avocat marocain Hicham Naciri, représentant du Palais royal. Contenu du marché : le versement de deux millions d’euros en échange de la non-publication d’un livre-enquête supposé compromettant, que les deux journalistes prévoyaient de publier au Seuil. Depuis, l’éditeur s’est retiré, « la relation de confiance » avec les auteurs étant, précise-t-il, « de facto dissoute ».

Conversations enregistrées

Entre juillet et août 2015, plusieurs rendez-vous ont eu lieu à Paris pendant lesquels l’avocat a interrogé les journalistes sur le contenu de leur enquête. Ces derniers sont restés évasifs, évoquant tout de même un rapport « sensible » sur la gestion de l’OCP, ainsi que des notes compromettantes de la DGSE entre autres « scoops » supposés. Toutes ces conversations ont été secrètement enregistrées par Hicham Naciri.

Le 27 août 2015, l’ultime rencontre entre Me Naciri, Éric Laurent et Catherine Graciet se fait sous surveillance policière. Après la signature d’un accord financier de 2 millions d’euros pour ne pas publier le livre, les journalistes se font interpeller par la police à la sortie du lieu de rendez-vous, avec 40 000 euros en liquide en poche.

« Huit ans de dénégations »

À l’ouverture du procès, les avocats des deux journalistes avaient d’abord tenté de prouver l’illégalité des enregistrements clandestins à l’origine de la mise en examen. En novembre 2017, la Cour de cassation a finalement débouté les deux journalistes, faisant des enregistrements l’élément principal de l’accusation.

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« Nous avons vécu huit ans de dénégations jusqu’au jour de l’audience. Pourtant les évidences sont là », explique Me Boussier qui se félicite également du rejet par le tribunal de l’exception de nullité pour vice de procédure, sollicitée par la défense. Cette requête visait à stopper la procédure en pointant l’implication potentielle de l’actuel garde des Sceaux français, Me Éric Dupond-Moretti, qui était l’avocat du Palais à l’ouverture du procès.

Outre leur peine de prison avec sursis, les deux prévenus ont aussi été condamnés, en action civile, à 1 € symbolique de dommages et intérêts ainsi qu’à 5 000 € en vertu de l’article 475-1, pour les frais de procès et frais de gestion.

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