Internet : entre Israël et le monde arabe, la cyberguerre est déclarée
Mise en ligne d’informations confidentielles, piratage de sites… Un nouveau front du conflit israélo-arabe s’est ouvert sur la Toile. Les hackers des deux camps se rendent coup pour coup.
« OxOmar » est en passe de devenir le nouveau héros arabe, un héros anonyme et virtuel. Depuis plusieurs semaines, il multiplie les actes de piratage informatique contre Israël, appelant au passage ses coreligionnaires à la cyber-Intifada : « J’invite les hackers arabes et musulmans à s’unir contre Israël. Nous allons combattre Israël durant toute notre vie. Nous allons nuire à ses intérêts de toutes les manières possibles. » Son premier fait d’armes remonte au 3 janvier, quand il a revendiqué la publication des données de 400 000 cartes de crédit israéliennes récupérées sur des sites d’achats en ligne. Pendant quelques heures, la panique s’est emparée des banques israéliennes, qui ont aussitôt alerté leurs clients et bloqué toute transaction. Quinze mille particuliers ont été victimes de cette cyberattaque.
Démasqué
Dans ses messages, « OxOmar » se présente comme saoudien, membre d’un groupe de hackers wahhabites. Sûr de lui, il n’hésite pas à communiquer avec des médias de l’État hébreu avant de passer à l’acte. Mais, très vite, un étudiant israélien a cru le démasquer, en interceptant son adresse e-mail. L’intéressé se nommerait Omar Habib. Originaire des Émirats arabes unis, il réside dans la ville mexicaine de Pachuca. Ce jeune Arabe de 19 ans, adepte des forums propalestiniens, est devenu l’ennemi – virtuel – numéro un de l’État hébreu. Le vice-ministre israélien des Affaires étrangères, Danny Ayalon, assimilant les attaques cybernétiques à du terrorisme, a employé un ton belliqueux : « Les hackers qui agressent Israël se mettent en danger et aucun d’entre eux ne sera épargné par nos actions de représailles.
Coalitions
Franchement pas intimidés, « OxOmar » et ses amis s’en sont aussitôt pris au blog officiel de Danny Ayalon, exigeant de lui des « excuses ». Ils ont aussi lancé une nouvelle offensive contre les sites de la Bourse de Tel-Aviv, de la compagnie aérienne El Al et de plusieurs autres institutions du pays.
"OxOmar" publie les données de 400 000 cartes de crédit. Panique dans les banques de l’État hébreu.
Dans ce nouveau champ de bataille virtuel, les hackers israéliens rendent coup pour coup. Le 11 janvier, après avoir piraté les coordonnées bancaires de 217 citoyens saoudiens à Riyad, « Hannibal » et « Omer Cohen » ont publié une liste de 30 000 comptes Facebook avec leurs codes d’accès, tous ouverts dans des pays musulmans. D’autres données personnelles sont apparues, comme les noms des propriétaires, leur adresse e-mail et leur numéro de téléphone. Des coalitions de hackers se forment, à l’instar de l’« équipe des forces de défense israéliennes », qui s’en est pris à la Bourse d’Abou Dhabi et à la Banque arabe de Palestine. « Ce n’est qu’un début, prévient-elle. Si vous continuez à nous attaquer, nous passerons à la phase suivante et paralyserons votre économie. » Les hackers arabes ont répliqué. Le 25 janvier, Anonymous Palestine a saboté le site du quotidien Haaretz, puis les plateformes de deux grands centres hospitaliers de Tel-Aviv.
Via son porte-parole, Sami Abou Zouhri, le Hamas a salué cette « nouvelle forme de résistance arabe et islamique contre l’occupation israélienne ».
Impuissance
Du côté de l’État hébreu, réputé pour être à la pointe de la technologie, cette guéguerre fait désordre. En plus de l’unité 8200 des services de renseignements militaires, un commandement de défense cybernétique est en place depuis mai 2011. Mais, faute de moyens significatifs, il avoue son impuissance. « Il faudra au moins un à deux ans pour colmater les brèches qu’exploitent les hackers », concède son directeur, Yitzhak Ben Israël. Depuis 2002, les entreprises réputées stratégiques, telles que la compagnie d’eau et d’électricité, ont pris les devants en coupant tout lien entre leur système informatique et internet. Une précaution négligée par le secteur privé, d’où sa vulnérabilité. En attendant, la cyberguerre est promise à de beaux jours dans la région.
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