Depuis novembre 2020 et le début de la guerre au Tigré, à laquelle un accord de paix signé en novembre a mis fin, il est le plus haut responsable américain à se rendre en Éthiopie. La visite d’Antony Blinken, qui doit rencontrer mercredi 15 mars le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, vise « à consolider cette paix » et à renouer les liens distendus entre les deux pays.

Mais les relations américano-éthiopiennes ne sont pas encore prêtes à « revenir à la normale », a prévenu Molly Phee, secrétaire d’État adjointe chargée de l’Afrique. S’il veut rétablir sa relation avec Washington, le gouvernement éthiopien doit prendre des mesures « permettant de briser le cycle de violences ethnico-politiques », a-t-elle insisté.

Retour de l’Éthiopie dans l’Agoa

Le chef de la diplomatie américaine rencontrera aussi dans la matinée le vice-Premier ministre, Demeke Mekonnen. Il s’entretiendra ensuite jeudi avec Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l’Union africaine (UA), dont le siège est établi dans la capitale éthiopienne.

Au cours de leurs discussions avec Antony Blinken, les dirigeants éthiopiens devraient plaider pour le retour de l’Éthiopie parmi les bénéficiaires de l’Agoa, initiative américaine qui exempte certains pays africains de taxes sur les exportations et dont elle est exclue depuis janvier 2022.

La visite d’Antony Blinken, qui se rendra ensuite au Niger, intervient également sur fond d’efforts du président Joe Biden pour contrer les influences croissantes sur le continent de la Chine et de la Russie.

Abiy, prix Nobel devenu quasi-paria

En deux ans de guerre, Abiy Ahmed, qui avait été prix Nobel de la paix en 2019 pour avoir mis fin à vingt ans de conflit avec l’Érythrée voisine, a quasiment été mis au ban de la communauté internationale.

En novembre 2020, il a en effet envoyé l’armée fédérale au Tigré, accusant les autorités régionales qui contestaient son pouvoir depuis plusieurs mois d’y avoir attaqué des bases militaires. Le Tigré était alors dirigé par le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), parti ayant gouverné de fait l’Éthiopie de 1991 à 2018 avant d’être progressivement marginalisé par Abiy Ahmed.

Le conflit a par la suite débordé dans les régions voisines de l’Amhara et de l’Afar, dont les forces ont soutenu l’armée fédérale, laquelle a également reçu l’appui de l’armée érythréenne, ennemie historique du TPLF. Si l’accord de Pretoria a été négocié et signé sous les auspices de l’UA, Washington a joué un rôle crucial auprès des belligérants, soulignent des sources diplomatiques.

Le bilan exact de cette guerre est difficile à évaluer, mais les États-Unis estiment que quelque 500 000 personnes ont péri en deux ans de conflit.

(Avec AFP)