Présidentielle sénégalaise : la machine Wade est-elle toujours aussi efficace ?

Moyens exceptionnels, presence aux quatre coins du Sénégal, mais aussi un engouement pas évident et une équipe moins soudée, sont les principales caractéristiques de la campagne qu’a menée Abdoulaye Wade en vue de la présidentielle du 26 février.

Le PDS d’Abdoulaye Wade montre des signes de division. © Georges Gobet/AFP

Le PDS d’Abdoulaye Wade montre des signes de division. © Georges Gobet/AFP

Publié le 25 février 2012 Lecture : 3 minutes.

Ceux qui doutaient de la capacité d’Abdoulaye Wade, bientôt 86 ans, à mener une campagne d’envergure ont vite déchanté. Depuis le 5 février, Gorgui (« le Vieux ») a enchaîné les meetings au pas de charge. Au bout de la première semaine, il avait déjà visité une quinzaine de localités aux quatre coins du Sénégal, alors que certains de ses concurrents n’étaient toujours pas sortis de la capitale, Dakar. Mais le président sortant, qui en est à sa septième élection présidentielle, a eu du mal à mobiliser. « Rien à voir avec 2007, relève un journaliste. À l’époque, les gens venaient spontanément à ses meetings. Ce n’est plus le cas. » À Kébémer, son village natal, il a fallu aller chercher chez eux les habitants pour qu’ils assistent à son discours…

Outre les moyens de l’État, Wade dispose d’un budget colossal. En 2007, il avait dépensé autour de 4 milliards de F CFA (6,1 millions d’euros). Cette année, certaines sources évoquent un montant de plus de 30 milliards. Un chiffre jugé « extravagant » par Amadou Sall, le porte-parole de Wade, qui se refuse toutefois à donner le montant exact. Selon un économiste indépendant, la campagne du président sortant devrait tourner autour de 15 milliards. La plupart des autres candidats, eux, tirent la langue. « Nous fonctionnons au jour le jour. Nous dépendons des bonnes volontés de chacun », indiquait le bras droit de l’un des principaux outsiders. Rares sont ceux dont le budget atteint les 5 milliards.

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Wade comptait en outre sur une équipe rodée aux batailles électorales. Certains sont à ses côtés depuis les « années galères » de l’opposition : Amadou Sall est chargé de la communication ; Samuel Sarr, son financier de toujours, a mobilisé les fonds ; et c’est Pape Diop, le président du Sénat, qui a les clés du coffre. Karim Wade, lui, s’est occupé de la logistique.

Mais la « machine » n’est plus aussi bien réglée qu’en 2007. Selon l’un de ses cadres, le Parti démocratique sénégalais (PDS) est « profondément démobilisé », alors que les défections de poids se sont multipliées ces derniers mois. La dernière en date : Abdou Fall, l’ex-directeur de cabinet du président.

"Une ambiance de fin de règne"

Tous les « partants » dénoncent leur mise à l’écart progressive au profit du fils, Karim. « Quiconque s’oppose à lui est ostracisé », dénonce l’un d’eux. Un autre : « Autour de Wade, on ne trouve aujourd’hui plus que les jeunes loups placés par Karim, quelques vieux faucons du parti, et les transhumants. » Ces derniers, à la tête desquels figurent Djibo Leyti Kâ et Mamadou Diop, ont rejoint Wade à la faveur de l’alternance, en 2000. Aujourd’hui, ce sont eux qui organisent sa campagne au sein de la coalition des Fal 2012 (Forces alliées 2012). « Les cadres locaux qui se sont battus quand nous étions dans l’opposition ne veulent pas se battre pour Karim ou pour ces opportunistes », explique un ex-collaborateur du président.

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La fronde est telle que, le 11 janvier, Wade s’est vu contraint de suspendre la mise en place des délégations départementales des Fal 2012. Mécontents d’être mis de côté, des barons locaux avaient menacé de démissionner. Signe de la tension qui règne au sein de la famille libérale : le 12 février, certains en sont venus aux mains à Kédougou, lors du passage de la caravane présidentielle. Les uns voulaient accueillir Wade avec les honneurs, les autres envisageaient de le boycotter…

« Il y a une ambiance de fin de règne dans ce parti », estime Aminata Tall, l’ancienne responsable des femmes libérales, qui a quitté le parti en avril 2011. Comme au Parti socialiste en 2000 ? Pour Souleymane Ndéné Ndiaye, le Premier ministre, la comparaison n’est pas valable : « Les personnes qui avaient quitté le PS à l’époque étaient des poids lourds électoraux. Ceux qui ont quitté le PDS ces derniers temps n’ont pas de poids électoral. Ce sont les feuilles mortes. »

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