Présidentielle au Sénégal : la bataille de la com’
Spin doctors, spécialistes des sondages, scénographes et stratégie web… Chaque candidat à l’élection présidentielle sénégalaise possède une équipe pour embellir son image. Il s’agit de séduire les électeurs, mais aussi la communauté internationale.
Plus que jamais, la bataille électorale qui se joue au Sénégal est une affaire d’image et de slogans. De lobbying auprès des capitales étrangères aussi, en raison de la polémique autour de la candidature d’Abdoulaye Wade. Les principaux acteurs de cette élection se sont ainsi presque tous dotés d’une équipe de com’ qui analyse les sondages en sa possession, d’une unité de journalistes produisant articles et images distribués au jour le jour aux médias, et de cabinets jouant un rôle de lobbying à l’étranger.
Disposant d’un budget hors norme, Wade n’a pas mégoté sur les moyens. Amadou Sall, un « historique » du Parti démocratique sénégalais (PDS), dirige une commission communication forte d’une vingtaine de personnes. Wade a fait appel à deux agences sénégalaises (qu’Amadou Sall rechigne à citer) et il peut compter sur Marie-Luce Skraburski. Membre du comité de direction d’Image Sept, l’un des cabinets de conseil en communication les plus influents de France, cette femme au carnet d’adresses bien rempli accompagne le président sortant depuis des années. Aperçue à Dakar, dans le cortège du candidat début février, elle apporte son expertise et joue un rôle d’interface avec la presse et les décideurs français.
Côté américain, le président a mandaté un cabinet basé à Atlanta, McKenna Long & Aldridge, pour intervenir en sa faveur à Washington, notamment auprès des membres du Congrès, et pour contrer la propagande de l’opposition, menée à l’étranger par Cheikh Tidiane Gadio, qui a profité de ses neuf années passées au ministère des Affaires étrangères (2000-2009) pour se constituer un réseau bien fourni
Chez les opposants aussi. Macky Sall aussi compte son « toubab » : après avoir soutenu Wade en 2007, l’ancien député français Jean-Pierre Pierre-Bloch est aujourd’hui passé dans le camp adverse. À la tête d’une société de conseil en communication basée à Dakar, Africa Media, il s’occupe de la logistique et de la scénographie. Mais ses amitiés dans les milieux politiques français, notamment à droite, ne sont pas inutiles. Sall a aussi fait appel à une toute jeune agence, Interface Africa, dont le siège est à Bamako mais qui est également active au Sénégal, en Mauritanie et en France. Fondé en 2009 par des « Franco-Africains » surdiplômés, dont le Franco-Malien Idrissa Diabira, qui a dirigé en France la campagne d’Ali Soumaré pour les élections régionales en 2010, ce cabinet est chargé de « conceptualiser » le programme et de jouer les intermédiaires avec la presse internationale. Menée par Seydou Guèye, l’équipe de communicants de « Macky 2012 » compte une vingtaine de membres.
Moins pléthorique (une dizaine de personnes), celle d’Idrissa Seck agit sous la coupe du journaliste Ousmane Thiongane, qui s’est entouré d’un cabinet sénégalais dont il ne veut pas citer le nom. L’année dernière, Seck s’était rapproché de l’avocat français Robert Bourgi, proche de Nicolas Sarkozy. Mais c’était avant que celui-ci ne s’épanche dans la presse…
Du côté de Moustapha Niasse (qui dispose de ses propres réseaux à l’international, à la suite de ses différentes missions menées dans le cadre de l’ONU) et Ousmane Tanor Dieng (qui peut compter sur la solidarité de ses camarades de l’Internationale socialiste, dont il préside le comité Afrique), les équipes viennent tout juste d’être mises en place.
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