Royaume-Uni : Abou Qatada, djihad à domicile
Abou Qatada, »le bras droit de Ben Laden », a été libéré et placé en résidence surveillée. Cette décision de justice britannique provoque un tollé.
Abou Qatada est libre. Enfin… presque. Le 13 février, la justice britannique a remis en liberté surveillée « le bras droit de Ben Laden en Europe », estimant qu’elle n’avait aucune raison de le garder derrière les barreaux. Elle s’est ainsi conformée à la décision rendue par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) le 17 janvier. Celle-ci avait refusé l’extradition vers la Jordanie d’Abou Qatada – Omar Mahmoud Mohamed Othman de son vrai nom – au motif que le prédicateur musulman de 51 ans risquait de ne pas bénéficier d’un procès équitable.
En 1999, la justice jordanienne l’avait condamné par contumace à quinze ans de prison pour son implication dans deux attentats perpétrés à Amman un an plus tôt. Les preuves ayant permis son inculpation avaient été, semble-t-il, extorquées sous la torture à ses complices présumés. Les autorités jordaniennes avaient donc promis d’organiser un nouveau procès.
Privé de mosquée
« Je n’ai jamais fait partie d’une quelconque organisation. Je me contente d’étudier l’islam », s’était défendu Abou Qatada dans le quotidien britannique The Guardian, en 1999. Réfugié politique en Grande-Bretagne depuis 1994, ce Jordanien d’origine palestinienne alterne pourtant depuis dix ans séjours en prison et assignations à résidence. Son nom figure aussi sur une liste des proches d’Al-Qaïda établie par les Nations unies. Comme il fallait s’y attendre, sa libération a provoqué un tollé. Pour David Cameron, le Premier ministre britannique, cette décision judiciaire est « inacceptable ».
S’il a quitté sa prison ultrasécurisée, Abou Qatada n’en est pas moins soumis à des mesures de surveillance très strictes. Il n’est autorisé à quitter son domicile que deux heures (non consécutives) par jour, ne peut se rendre à la mosquée, amener ses cinq enfants à l’école, utiliser un téléphone portable ou internet ; enfin, la police peut fouiller sa maison à tout moment.
Ces conditions pourraient être assouplies d’ici au 17 avril si le gouvernement britannique ne fait pas appel de la décision de la CEDH, ou si cet appel est rejeté. Il peut garder cependant Abou Qatada sous surveillance jusqu’en 2014, dans le cadre de la loi sur la prévention du terrorisme. Afin d’éviter tous ces tracas, Cameron tente de trouver une solution avec le roi Abdallah II pour qu’il soit jugé en Jordanie. Une délégation du ministère de l’Immigration et du Contre-Terrorisme s’est rendue à Amman à cette fin, et, le 10 février, le royaume hachémite a annoncé qu’il allait contester la décision de la CEDH.
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