RDC : l’affaire Koffi Olomide et les obscures pratiques du monde de la musique congolaise

Mise en examen en France pour viol et séquestration, la star congolaise a nié les faits, avant de s’envoler aussitôt pour Kinshasa. Au-delà de la véracité de ce qu’on lui reproche, l’affaire met en lumière les pratiques parfois douteuses du monde de la musique congolaise, notamment envers les femmes.

Les plaintes pour viol contre Koffi Olomidé ont été déposées par trois de ses danseuses. © Seyllou/AFP

Les plaintes pour viol contre Koffi Olomidé ont été déposées par trois de ses danseuses. © Seyllou/AFP

Publié le 27 février 2012 Lecture : 3 minutes.

Les musiciens de la République démocratique du Congo (RDC) n’en finissent décidément pas de défrayer la chronique judiciaire, le plus souvent pour des affaires de faux documents ou de trafic d’êtres humains. Après Papa Wemba, condamné en 2004 en France, puis récemment en Belgique pour aide au séjour irrégulier de clandestins, Félix Wazekwa, reconnu coupable en 2010 par la justice belge de traite d’êtres humains puis acquitté, ou encore Nyoka Longo et Werrason, incarcérés en Belgique pour des affaires de faux visas puis libérés, c’est au tour de Koffi Olomide, 55 ans, de se retrouver dans le collimateur de la justice.

Mise en examen le 13 février à Nanterre, en France, pour « viol sur mineures, séquestration, actes de barbarie en bande organisée et trafic d’êtres humains », la star congolaise est rentrée dès le lendemain à Kinshasa sans attendre la décision du juge des libertés de le placer ou non en détention provisoire. Son avocat, Me Manuel Aeschlimann, a déclaré que son client s’était présenté « de son plein gré » à la justice et que le dossier d’instruction était « complètement vide », la plainte des trois femmes, ex-danseuses du musicien, n’ayant pour but, selon lui, que l’obtention d’« un titre de séjour temporaire ».

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Homme à femmes

À Kinshasa, cette affaire révèle à nouveau certaines pratiques propres au milieu de la musique, caractérisé par une concurrence forcenée entre orchestres qui tourne à la paranoïa. « Pas question pour un membre d’un groupe d’entrer en contact avec l’adversaire. Si l’un d’entre eux ose assister à un concert de l’ennemi, c’est grave. Il encourt immédiatement les foudres de son patron », explique un musicien kinois. Du coup, notamment en période de gestation d’un album ou de préparation d’une tournée, chacun garde jalousement les siens. Très jeunes et souvent issues de la rue, danseuses et choristes sont surveillées de près de peur qu’elles n’aient des relations intimes avec l’ennemi. Les leaders redoutent d’être « travaillés » par l’adversaire, via les femmes notamment. La troupe est donc quasiment maintenue en isolement pour « préserver » son chef. Faute de contrats en bonne et due forme, tous les membres du groupe sont donc à la merci du « patron », en particulier à l’extérieur de la RDC.

Koffi, connu pour être un homme à femmes, ne dérogerait pas à la règle. Très m’as-tu-vu, il aime en outre étaler les signes extérieurs de sa réussite, en particulier ses voitures, dont son Hummer. On lui reproche aussi son arrogance et un manque de générosité.

Disques d’or

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Le « petit » de Papa Wemba n’en reste pas moins une star mondiale capable d’aligner une kyrielle de disques d’or et de distinctions. Il est l’un des rares musiciens de sa génération à avoir fait des études supérieures, à Bordeaux (France) notamment. Au fil des ans, ses fans ont changé. Son style aussi. Ses textes sont de plus en plus osés et ses danseuses de moins en moins vêtues. Au point que des parents éteignent la télévision quand ses clips passent sur le petit écran. D’autres s’offusquent de ses chansons à la gloire du président Joseph Kabila. Mais ses jeunes admirateurs ne s’encombrent guère de ce genre de considérations et rêvent d’être reçus dans la maison du leader de Quartier Latin international, son orchestre, située dans le cossu quartier Mont Fleuri, à Kinshasa.

Reste que les déboires judiciaires en série des musiciens congolais ont eu pour conséquence de compliquer leur obtention d’un visa pour se produire en Europe, ce qui conduit parfois à l’annulation pure et simple de concerts, comme ceux de Fally Ipupa et de Férré Gola prévus à Paris au début de l’année.

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