L’islam dans tous ses états d’art à l’IMA

L’institut du monde arabe, à Paris, présente les oeuvres des dix finalistes du Jameel Prize, créé à Londres en 2009. Leurs travaux oscillent entre art contemporain et tradition islamique.

L’institut du monde arabe, à Paris, présente les oeuvres des dix finalistes du Jameel Prize. © AFP

L’institut du monde arabe, à Paris, présente les oeuvres des dix finalistes du Jameel Prize. © AFP

Publié le 21 février 2012 Lecture : 2 minutes.

Ils sont originaires du Pakistan, des États-Unis, d’Égypte ou d’Iran. Leur point commun : la culture islamique. Leurs oeuvres allient traditions artisanales de l’islam et art contemporain. Sculptures de briques en terre cuite, mosaïque de miroirs, maquettes urbaines superposées sur des tapis artisanaux jalonnent l’exposition du Jameel Prize, présentée à l’Institut du monde arabe (IMA) jusqu’au 26 février. Créé en 2009 par un homme d’affaires saoudien, Mohamed Abdul Latif Jameel, ce prix international récompense, tous les deux ans, dix candidats. Après un passage habituel par un musée londonien, leurs oeuvres sont, pour la première fois, regroupées au sein d’une exposition en France.

En entrant dans le Mobile Art, une installation conçue par l’architecte Zaha Hadid, deux miniatures persanes de l’Iranienne Soody Sharifi attirent l’oeil. En y superposant ses propres photographies, l’artiste a choisi d’évoquer la société de son pays d’origine, tiraillée entre tradition et modernité. Sa compatriote Bita Ghezelayagh et la Pakistanaise Aisha Khalid se sont, elles, inspirées de l’artisanat de leurs pays respectifs : tuniques en feutre constellées de petits signes religieux en métal identiques à ceux des chemises-talismans que portaient les soldats, et châle aux motifs dorés formés par des épingles en acier plaqué or piquées dans l’étoffe. Dans la deuxième partie de l’exposition, de larges huiles sur bois de l’Irakienne Hayv Kahraman font allusion au jeu de cartes qui avait été distribué aux soldats américains en Irak et en Afghanistan en 2007 afin de les sensibiliser à la préservation du patrimoine archéologique. L’affiche de l’événement a d’ailleurs repris l’une d’elles, représentant un homme en turban.

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Un choix malheureux, selon le Franco-Algérien Rachid Koraïchi, lauréat de l’édition 2011, pour qui cette figure rappelle celle des talibans.

Travail graphique

Koraïchi regrette également l’intitulé de l’exposition parisienne évoquant un art contemporain « d’inspiration islamique ». « Malheureusement, aujourd’hui, les médias ont fait un tel mal au monde de l’islam que, lorsque l’on parle de culture islamique, les gens deviennent fous, s’indigne-t-il. Parce qu’on est musulmans, on nous demande dix fois plus d’efforts pour convaincre. Il faut passer son temps à se justifier et à réaffirmer que l’on n’est pas islamistes. »

Diplômé de l’École nationale des beaux-arts d’Alger, puis de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, Rachid Koraïchi présente dans le cadre du Jameel Prize 7 pièces sur 99 d’un ensemble appelé Les Maîtres invisibles – exposé au musée de Munich en 2010 et datant de 2008 -, qui rend hommage à des figures importantes du soufisme, courant sur lequel il travaille depuis quarante-cinq ans. Pour réaliser cet immense ouvrage (des bannières mariant numérologie et symboles mystiques), Koraïchi est parti s’installer au Caire, afin de travailler le coton cultivé dans le delta du Nil. Il s’est inspiré des bandes textiles dont les prêtres égyptiens embaumaient les morts au temps des pharaons, mais aussi des manteaux de rois africains pour réaliser des appliqués de bandes, sans rien broder.

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Les oeuvres de Koraïchi empruntent beaucoup à l’islam et au Coran. « Mais de façon indirecte, souligne-t-il. J’évite au maximum d’en mettre des phrases, je ne fais que citer, par respect. » Enfin, il espère que les non-musulmans ne resteront pas hermétiques à son art, car, dit-il, « c’est un travail graphique ». « Ce qui compte, c’est ce qui s’en dégage. Le plus important est de rentrer dans le mystère. »

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