Maroc : Delta Holding force le respect des investisseurs
Avec le rachat de la Société de sel de Mohammedia et le doublement de son capital, le conglomérat marocain Delta Holding a marqué les esprits en 2011. Désormais, il veut percer dans la délégation de service public à l’international.
Le marocain Delta Holding, coté depuis 2008 à Casablanca, réalise un début d’année 2012 en fanfare. L’action du groupe, qui détient un portefeuille diversifié dans les secteurs des travaux publics, de l’environnement et de la parachimie, a gagné 9,75 % depuis le 1er janvier. Une performance à laquelle le conglomérat n’avait pas habitué les marchés, qui le considéraient plutôt comme une valeur défensive, avec un cours peu agité. Mais leur perception change peu à peu, après une année 2011 marquée par deux décisions importantes.
La première : l’acquisition, en juin, de la Société de sel de Mohammedia (SSM), payée 655 millions de dirhams (57,8 millions d’euros à l’époque) à l’État marocain. Une emplette jugée cohérente pour les synergies dégagées avec les activités existantes du groupe. « Nous renforçons ainsi à la fois nos pôles parachimie et travaux publics : la SSM approvisionne les grands industriels qui utilisent du sel dans leur processus de fabrication, mais aussi les sociétés d’autoroutes, pour le déneigement [notamment en France, NDLR]. Deux types de clients dont nous sommes déjà fournisseurs », se réjouit Fouad Fahim, président du conseil d’administration.
« Cette opération, pour une entreprise qui privilégiait la croissance interne, est un coup d’éclat bienvenu qui séduit les investisseurs. Elle a changé l’image d’une société bien gérée mais jusque-là timide dans ses ambitions », juge Hicham Saadani, analyste à BMCE Capital. L’entrée de la SSM dans le giron de Delta Holding n’est toutefois pas une révolution stratégique : le groupe reste dans une logique de développement par diversification dans des activités proches de ses métiers de base. Dans le passé, il était ainsi passé de la conduite de travaux publics à la fourniture d’accessoires routiers, puis de produits chimiques, et enfin à la parachimie, devenant le premier producteur d’éthanol du royaume.
Seconde décision, le doublement du capital a lui aussi été apprécié des analystes. Il est passé début décembre de 438 millions à 876 millions de dirhams, à travers une incorporation des primes d’émission et des reports de résultats des années passées. « Une mesure en ligne avec notre stratégie, prudente, qui consiste à nous donner les moyens de continuer à croître en gardant un faible niveau d’endettement », indique Fouad Fahim.
Hicham Saadani est séduit : « Avec une marge opérationnelle de 15,9 % sur les trois dernières années, une rentabilité des capitaux engagés de 15 % et un endettement représentant seulement 10 % des fonds propres, même après le rachat de la SSM, les fondamentaux sont bons », indique-t-il. Le ratio cours-bénéfices de l’action, de 15,3 en 2011, est jugé correct pour le secteur des infrastructures.
Transition
Côté management, Fouad Fahim a pris la suite de son père, Hadj, à la tête du conseil d’administration en octobre – leur famille détient 67,6 % des parts. « La transition générationnelle se fait en douceur, car Hadj Fahim reste administrateur et accompagne son fils. Contrairement à d’autres entreprises familiales, Delta Holding a opté pour la transparence et évite une succession brutale », observe Hicham Saadani.
L’avenir de Delta Holding, son patron le voit à l’international : « Nous voulons nous développer en Europe sur le pôle travaux publics et en Afrique subsaharienne dans l’environnement », explique-t-il. Sur le continent, le groupe détient notamment un tiers des actions de la Camerounaise des eaux, en partenariat avec l’Office national de l’eau potable (Onep) marocain. « La délégation de service public nous intéresse, car elle apporte des revenus réguliers et complémentaires à ceux, cycliques, de nos métiers de base », annonce Fouad Fahim. En 2012, le président est à l’affût d’acquisitions dans ce domaine.
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