Chine : dix mille euros le bébé !
Chaque année en Chine, plusieurs dizaines de milliers d’enfants – surtout des garçons – sont enlevés pour être revendus. Dans le meilleur des cas, ils deviendront mendiants ou agriculteurs.
Pour la première fois depuis trois ans, Peng Gaofeng, un petit commerçant de Shenzhen, dans le sud du pays, a pu célébrer le nouvel an chinois avec son fils de 6 ans. Le bambin avait été enlevé en pleine rue, en mars 2008. Trois années durant, son père a remué ciel et terre pour le retrouver. « C’est grâce à internet que j’y suis parvenu, raconte-t-il. J’ai créé un blog et publié des photos. C’est un étudiant qui l’a reconnu. » Son histoire a ému toute la Chine et passionné les médias du monde entier. Peng Gaofeng est aujourd’hui un symbole.
Chaque année en Chine, entre 10 000 et 15 000 enfants sont kidnappés. En tout cas selon les chiffres officiels, car cet odieux trafic serait en réalité deux fois plus important. Souvent démunie, la police rechigne à enregistrer les plaintes, quand elle n’est pas carrément complice. Il y a des cas extrêmes de trafic d’organes, mais la plupart des victimes sont de jeunes garçons qui viennent alimenter des réseaux mafieux de mendicité. D’autres sont revendus dans les campagnes, où les familles d’agriculteurs sont très demandeuses de descendants mâles capables de travailler la terre. En vertu de la loi sur l’enfant unique, les familles ne peuvent en effet avoir qu’un seul bébé. « Je conseille à tous les parents de publier sur internet, qui est un outil formidable, des photos de leur enfant disparu, explique Peng Gaofeng. Il ne faut jamais baisser les bras. Je reçois beaucoup de témoignages et de demandes d’aide, je continuerai à me battre pour tous ces enfants. »
Le salut par internet
Dans son sillage, l’universitaire Yu Jianrong, de l’Académie des sciences sociales de Pékin, a lancé un grand mouvement national pour demander à ses compatriotes de photographier les petits mendiants dans les rues et de mettre leurs photos sur internet afin d’identifier ceux qui auraient été enlevés. Ainsi mises sous pression, les autorités ont fini par réagir : 178 enfants ont été libérés et 608 kidnappeurs arrêtés. Les provinces industrielles du Sud-Est, où vivent des millions d’ouvriers migrants comme Peng Gaofeng, sont un vivier pour les trafiquants, qui revendent les enfants près de 10 000 euros. Le petit Wenle a par exemple été retrouvé à des milliers de kilomètres de chez lui. « Sans internet, je ne l’aurais sans doute jamais revu », commente son papa.
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