Rébellion au Mali : les pays voisins s’inquiètent du risque de contagion
L’afflux de réfugiés à cause de la rébellion touarègue inquiète les pays frontaliers du Mali. Niger, Algérie, Mauritanie, Burkina Faso… Ils redoutent tous une extension du soulèvement et préconisent désormais une grande conférence régionale. Comme le président malien Amadou Toumani Touré le réclame depuis… septembre 2007.
Il suffit d’une carte pour comprendre. Moins de 50 km séparent Ménaka, première ville attaquée par les rebelles, et la frontière avec le Niger. Il suffit ensuite d’avoir quelques notions de géographie pour constater que la région de l’Azawad s’étend jusqu’aux contreforts de l’Aïr. Il suffit enfin d’avoir quelques connaissances historiques pour se rappeler que les Touaregs nigériens ont fait parler la poudre dans les années 1990 et, plus récemment, entre 2007 et 2009.
« Les risques de contagion sont réels et il faut agir d’urgence. Cela passe par la prise en compte des revendications économiques et sociales. Au Niger, ce travail est effectif », explique Moustapha Kadi, l’un des leaders les plus écoutés de la société civile. Et ce Touareg natif de Tahoua d’ajouter : « Tout le monde comprend maintenant pourquoi le président Issoufou a choisi un Premier ministre touareg [Brigi Rafini, NDLR]. »
Explosive
Si cette nomination est de nature à apaiser les éventuelles revendications identitaires, Niamey a préféré prendre les devants face à cette guerre de l’Azawad. Renforcement du dispositif militaire à la frontière, visite du ministre de la Défense… Il y a urgence. D’autant qu’une crise humanitaire menace de s’ajouter à la pénurie alimentaire qui sévit déjà. Début février, 10 000 personnes, venues en charrette, à dos de chameau ou même à pied, s’entassaient déjà autour de Chinegodar, sans eau ni nourriture.
Cette migration du désespoir touche toute la bande saharienne. En Algérie, des milliers de réfugiés affluent dans la région de Bordj el-Mokhtar, au beau milieu du désert du Tanezrouft. Au Burkina Faso, les autorités, qui ont dépêché sur place deux hélicoptères et des patrouilles terrestres pour surveiller la frontière, recensaient, le 8 février, 3 000 personnes, principalement dans la région de Djibo. Et en Mauritanie, c’est autour de Fassale que les arrivées sont le plus massives. La situation est explosive.
La spirale de la violence au Mali, vue par Glez
Dessin paru initialement sur le site de Radio Netherlands Worldwide
"Les accusations de collusion de certains hauts gradés maliens avec les terroristes et les trafiquants prospérant dans le Nord-Mali sont parfaitement crédibles", estime un expert de la région.
« Nous sommes impatients de voir à l’oeuvre le successeur d’Amadou Toumani Touré, car ce dernier n’a pas montré beaucoup d’efficacité sur les questions sécuritaires », lance un ministre ouest-africain des Affaires étrangères. Les griefs portent tout à la fois sur la gestion d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), les prises d’otages et les rançons versées pour leur libération, ainsi que sur le récent retour au pays des desperados Kadhafistes. « Les accusations de collusion de certains hauts gradés maliens avec les terroristes et les trafiquants prospérant dans le Nord-Mali sont parfaitement crédibles », estime un expert de la région.
Risquée
Que faire dans ces conditions ? Attendre la présidentielle malienne, en avril prochain ? Une solution trop tardive, donc trop risquée. Les capitales régionales plaident pour un « plan global » impliquant l’ensemble du Sahel et placé sous l’égide des Nations unies. C’était à l’ordre du jour du dernier sommet de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), le 16 février à Abuja. « Nous allons organiser une grande conférence avec tous les pays concernés : c’est-à-dire l’Algérie, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Burkina, la Lybie etc. pour trouver une solution et consolider l’État malien dans son intégrité », a confirmé le 21 février le président du Bénin Boni Yayi, sur RFI.
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