Cheikha Mozah, l’atout charme du Qatar

Fille d’opposant et épouse de roi, élégante, engagée… et redoutable femme d’affaires. Cheikha Mozah, princesse du Qatar, a acquis une influence considérable. Portrait d’une femme surprenante, la plus influente du monde arabe selon Forbes.

L’émir Hamad Ibn Khalifa Al Thani et son épouse Cheikha Mozah. © Jane Mingay/WPA/Getty images

L’émir Hamad Ibn Khalifa Al Thani et son épouse Cheikha Mozah. © Jane Mingay/WPA/Getty images

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Publié le 21 février 2012 Lecture : 2 minutes.

Qatar : l’émirat insatiable
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Qatar : l’émirat insatiable

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On raconte que la mariée était triste, en ce jour de 1977 où elle devint la deuxième épouse de l’émir Hamad Ibn Khalifa Al Thani. Peut-être la jeune diplômée de sociologie songeait-elle à son père, Nasser Al Misnad, figure de l’opposition réformiste, emprisonné puis banni par celui qui devenait, de facto, son beau-père ? Comme dans les contes orientaux, la belle aurait été offerte dans le cadre d’un compromis scellant la réconciliation entre les familles ennemies.

J’ai vécu avec mon mari plus longtemps qu’avec mes parents. Je vis à ses côtés, je partage ses inquiétudes, ses espoirs et ses rêves pour le pays.

Cheikha Mozah, la Princesse

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Depuis, Cheikha Mozah, 52 ans, a séché ses larmes et gagné en assurance. Celle que le magazine Forbes a classée comme la femme arabe la plus influente affiche une complicité sans faille avec son époux et use toujours du « nous » plutôt que du « je ». Ensemble, ils poursuivent un objectif : réformer en profondeur le petit émirat gazier et en moderniser l’image. « J’ai vécu avec mon mari plus longtemps qu’avec mes parents. Je vis à ses côtés, je partage ses inquiétudes, ses espoirs et ses rêves pour le pays. Nous pensons qu’il faut concevoir de grands projets plutôt que d’agir de manière arbitraire. Et qu’il est de notre devoir de faire que les choses se réalisent », a-t-elle confié au Christian Science Monitor, un grand magazine américain.

Cheikha Mozah, une princesse qui dérange

Élégante et altière, portant un léger foulard qui renvoie plus au turban qu’au niqab traditionnel, Cheikha Mozah est l’atout charme de ce couple qui fascine et agace à la fois. Car si elle séduit partenaires étrangers et magazines people, chez les conservateurs qataris, elle fait grincer des dents. Icône du libéralisme qatari, la première dame Cheikha Mozah semble avoir été astreinte à une certaine réserve. On était habitués à la voir en tailleurs colorés, coiffée d’une simple toque, mais elle apparaît maintenant en tunique et voile noirs, bien que son cou et ses chevilles restent exposés. Ses interventions se font plus rares et discrètes.

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Son influence sur son mari n’est un secret pour personne, et on l’accuse même d’être à l’origine du coup d’État qui l’a porté au pouvoir en 1995. Dans cette société bédouine traditionnelle, ses prises de position sur la place des femmes dérangent. De fait, elle est loin d’être étrangère à l’adoption, en 2006, d’un code de la famille qui leur donne plus de droits.

Mère de sept enfants sur les vingt-sept de l’émir – dont l’héritier, Cheikh Tamim, 31 ans, qui a évincé Cheikh Jassim, issu d’un autre mariage -, Cheikha Mozah est une princesse engagée et une redoutable femme d’affaires. Présidente du Conseil suprême pour les affaires familiales, vice-présidente du Conseil suprême de l’éducation et ambassadrice de l’Unesco, elle est aussi à la tête de la Fondation du Qatar, qui investit massivement dans l’excellence universitaire, et du groupe Qatar Luxury, qui a racheté en août la marque française Le Tanneur et dont elle veut faire un géant international du luxe, au même titre que LVMH. 

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