Kamel Feki remplace Taoufik Charfeddine au ministère de l’Intérieur tunisien

Fidèle du président Kaïs Saïed, Taoufik Charfeddine a annoncé sa démission vendredi soir pour raisons familiales. Lors d’un discours récent, ils s’en était pris violemment aux syndicats et aux défenseurs des droits de l’homme, qu’il avait qualifiés de « traîtres ».

Le ministre tunisien de l’Intérieur Taoufik Charfeddine donne une conférence de presse le 3 janvier 2022 à Tunis. © ANIS MILI / AFP

Publié le 18 mars 2023 Lecture : 3 minutes.

Le préfet de Tunis Kamel Feki, un proche du président Kaïs Saïed, a été nommé ministre de l’Intérieur en remplacement de l’influent Taoufik Charfeddine, qui a annoncé sa démission pour se consacrer à sa famille.

Le président Saïed a émis deux décrets, le premier mettant fin aux fonctions de Taoufik Charfeddine et un deuxième nommant Kamel Feki à la tête de l’Intérieur, a indiqué la présidence dans un communiqué, dans la nuit du 17 au 18 mars.

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Diplômé en droit, Kamel Feki est un ancien cadre du ministère des Finances. Il occupe le poste de préfet de Tunis depuis fin 2021. Il fait partie du cercle très proche du président Saïed et défend fortement ses décisions.

Taoufik Charfeddine, 54 ans, a annoncé vendredi à la presse qu’il avait demandé à Kaïs Saïed de mettre fin à ses fonctions, indiquant vouloir se consacrer à ses trois enfants après le décès de son épouse, en juin 2022, à la suite d’un incendie causé par une fuite de gaz dans leur résidence.

Adversaire d’Ennahda

« Le temps est venu pour que je me consacre à cette responsabilité qu’elle m’a laissée », a ajouté Taoufik Charfeddine, en remerciant le président Saïed « pour s’être montré compréhensif » et l’avoir autorisé à quitter ses fonctions. Cet ex-avocat était l’un des piliers de la campagne électorale qui a conduit Kaïs Saïed à la présidence en 2019.

Taoufik Charfeddine avait brièvement administré le portefeuille de l’Intérieur entre septembre 2020 et janvier 2021. Il en avait été écarté sous la pression du parti d’inspiration islamiste Ennahdha, bête noire du président, et à l’époque principale force au Parlement que le chef de l’État a suspendu lors de son coup de force de juillet 2021.

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Nommé de nouveau à l’Intérieur par Kaïs Saïed en octobre 2021, il avait depuis joué à ce poste un rôle de premier plan au côté du chef de l’État. Notamment dans la mise en place d’un nouveau système hyper-présidentialiste, décrié par ses détracteurs comme une dérive autoritaire qui a sonné le glas de la démocratie née de la première révolte du Printemps arabe, en 2011.

Des ONG tunisiennes avaient ainsi appelé, le 8 mars, Taoufik Charfeddine à s’excuser après un discours « violent et dangereux » lors duquel il avait qualifié de « traîtres » des médias, des syndicalistes, des hommes d’affaires et des partis politiques.

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« Discours sectaire »

Dans une déclaration au vitriol la veille, lors d’un déplacement à Ben Guerdane, près de la frontière avec la Libye, le ministre s’en était pris aux « mercenaires des médias, hommes d’affaires, syndicalistes et partis qui ont vendu la patrie ». « Ce sont des traîtres », avait-t-il ajouté, appelant les Tunisiens à soutenir le président Saïed, « un homme honnête et patriote »

Dans un communiqué conjoint, plus de 30 organisations, dont la centrale syndicale UGTT et la Ligue tunisienne des droits de l’homme, ont dénoncé un « discours minable », « sectaire » et qui « crée la division ». Fustigeant « le langage de menace et d’intimidation » employé, elles ont estimé qu’il s’agissait d’« un discours populiste dangereux qui présage un État policier » rappelant le système en place sous la dictature de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011.

La présidence tunisienne diffusait régulièrement des vidéos des fréquentes réunions entre Kaïs Saïed et Taoufik Charfeddine au palais de Carthage.

Lors d’une récente rencontre, le 23 février, le président avait appelé les autorités à « veiller » sur les migrants originaires d’Afrique subsaharienne, deux jours après avoir suscité un tollé avec un discours jugé « raciste et haineux » dénonçant l’arrivée en Tunisie de « hordes de migrants » et un complot « pour changer la composition démographique » du pays.

(avec AFP)

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