Jean-Philippe Prosper : « Pour aider l’Afrique, nous devons faciliter le développement des PME »

Jean-Philippe Prosper dirige, depuis février 2013, les activités de la Société financière internationale (IFC) en Afrique subsaharienne, en Amérique latine et dans les Caraïbes. Il s’exprime sur l’inégalité des revenus sur le continent.

Jean-Philippe Prosper a succédé à l’Ivoirien Thierry Tanoh, parti rejoindre le groupe panafrician Ecobank. © IFC

Jean-Philippe Prosper a succédé à l’Ivoirien Thierry Tanoh, parti rejoindre le groupe panafrician Ecobank. © IFC

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© Vincent Fournier pour JA

Publié le 3 décembre 2013 Lecture : 4 minutes.

Jean-Philippe Prosper est vice-président Afrique subsaharienne, Amérique latine et Caraïbes de la Société financière internationale (IFC). À 56 ans, cet Haïtien – qui auparavant a été directeur Afrique de l’Est et Afrique australe et co-directeur du département Afrique de cette filiale du groupe Banque mondiale chargée du secteur privé -revient sur les priorités de l’institution sur le continent.

Propos recueillis par Stéphane Ballong

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Jeune Afrique : Quel premier bilan pouvez-vous dresser près d’un un an après votre prise de fonction à ce poste?

Jean-Philippe ProsperUn bilan positif. Tout le monde le dit et on le voit, l’Afrique décolle. Dans la plupart des pays, les dirigeants on fait des réformes et sont prêts à en faire davantage. Que ce soit au niveau de la qualité des politiques macroéconomiques (l’inflation, les recettes fiscales, etc…) ou au niveau du climat des investissements, il y a eu énormément de progrès ces dernières années.

L’un des exemples les plus frappants est celui du Rwanda. Le niveau d’engagements des dirigeants a changé la face de ce pays. Le Burkina Faso a également beaucoup progressé au niveau de certains critères du Doing Business. Idem pour le Burundi qui a connu une forte accélération dans les réformes. Cela se ressent dans la relance des investissements. Il reste encore beaucoup à faire et c’est le moment d’être en Afrique.

L’Afrique décolle mais la pauvreté peine à reculer…

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Cela dépend des pays. L’un des principaux problèmes de l’Afrique, c’est l’inégalité dans la redistribution des revenus, mesurée à la Banque mondiale par le fameux coefficient de Gini. Il est en effet plus élevé sur le continent que dans d’autres régions. Il faut mettre l’accent sur la création d’emplois si on veut agir sur la pauvreté. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons fait de l’agriculture et de l’agro-industrie l’un des piliers de notre stratégie. Dans la plupart des pays, ce secteur représente en moyenne 70 % des emplois et dans certains pays elle va jusqu’à 50 % du PIB.

Le secteur financier représente environ 50 % de notre volume d’activité.

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Au cours de notre année fiscale bouclée fin juin 2013, nos investissements dans l’agriculture et dans l’agro-industrie ont atteint pour la première fois 1,1 milliard de dollars (soit à peu près 20 % de l’enveloppe totale de 5,3 milliards de dollars consacrée à l’Afrique). Les investissements directs d’IFC et d’autres partenaires dans l’agriculture ont représenté environ 400 millions de dollars. Ce montant atteint à peu près 700 millions de dollars dans le reste de la chaîne de production, particulièrement dans le financement du commerce. Nous sommes en train de recruter du personnel additionnel pour pouvoir augmenter nos activités dans ce domaine.

Qu’en est-il des infrastructures et de l’énergie en particulier ?

Au cours du dernier exercice, nous avons consacré 1,3 milliard de dollars aux infrastructures (transports, énergie, etc…). Ce montant atteint 1,6 milliard de dollars lorsque nous prenons en compte les infrastructures liées aux mines, aux télécoms… La plus grande partie de ce montant est consacrée à l’énergie. En ce qui concerne la production, nous pensons que c’est une activité qui doit être menée par des acteurs privés. Ce sont eux que nous soutenons dans ce cas. Pour la distribution en revanche, nous travaillons avec le secteur public. Au Kenya par exemple, l’année dernière, nous avons financé KPLC [Kenya Power and Lighting Company] à hauteur de 50 millions de dollars.

Que répondez-vous à ceux qui reprochent à l’IFC d’être beaucoup plus présente dans le secteur bancaire, considéré comme l’un des plus rentables sur le continent?

Le secteur financier représente environ 50 % de notre volume d’activité. La raison ? Nous sommes conscients que la grande majorité des entreprises en Afrique sont des PME. Ce qui veut dire que si nous voulons aider l’Afrique dans son processus de développement nous devons tout faire pour faciliter le développement des PME. Parce que ce sont elles qui vont créer des emplois et de la croissance…

L’approche IFC consiste à dire que pour aider ces PME, il faut d’abord agir sur le climat des affaires [à travers le Doing business] en réduisant tous les problèmes de bureaucratie institutionnelle qui sont des obstacles au développement des PME. Mais nous disons également que les PME de nos pays ont un problème de compétitivité lié aux coûts des intrants (notamment le coût de l’électricité et du transport). Nous nous y attaquons au niveau des financements des infrastructures.

Mais comment la PME peut se développer, croître si aucune institution ne lui prête de l’argent ?

Il est matériellement impossible pour l’IFC de prêter individuellement à chaque PME mais en passant par une institution financière on peut en atteindre plusieurs de ces entreprises en même temps. Ce que nous faisons ensuite c’est de veiller à ce que les banques participent vraiment aux financements de ces PME.

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