Côte d’Ivoire – Bruno N. Koné : « Dans les télécoms, aucune licence ne sera maintenue artificiellement en vie »

Pour le ministre ivoirien de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication (TIC), Bruno N. Koné, il est impératif de généraliser l’usage d’internet. Et, donc, de lancer la 3G.

La tâche s’annonce difficile pour Bruno N. Koné, ministre ivoirien de la Poste et des TIC. © Vincent Fournier pour J.A.

La tâche s’annonce difficile pour Bruno N. Koné, ministre ivoirien de la Poste et des TIC. © Vincent Fournier pour J.A.

Publié le 16 février 2012 Lecture : 3 minutes.

Côte d’Ivoire : les douze travaux d’ADO
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Jeune Afrique : Quelles sont vos ambitions en matière de TIC ?

Bruno Nabagné Koné : L’État ivoirien mettra 50 milliards de F CFA [76,2 millions d’euros, NDLR] dans les TIC au cours des quatre prochaines années. Le secteur privé investit pour sa part quelque 100 milliards de F CFA par an. Ces investissements doivent permettre de couvrir tout le territoire en infrastructures de télécommunications.

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On ne compte actuellement que 100 000 téléphones fixes et 60 000 utilisateurs de l’ADSL pour une population de plus de 20 millions d’habitants. Seul le téléphone mobile connaît un réel engouement, avec 16 millions d’utilisateurs, ce qui nous a amenés à mettre au premier rang de nos priorités le lancement par les opérateurs mobiles de services basés sur la technologie 3G. Cette évolution permet au téléphone portable d’être plus qu’un simple moyen de communication : un véritable outil de développement, via notamment les conditions d’utilisation d’internet, plus abordables et plus confortables. En parallèle, nous voulons développer la connectivité internationale. Outre SAT-3, trois autres câbles pourraient nous desservir dès cette année : Wacs de MTN, Glo-1 de Globacom, et ACE, lancé par Orange. Cela permettra d’améliorer l’accès à internet et de réduire les prix.

Et que ferez-vous pour étendre le maillage à l’échelle nationale ?

Les opérateurs privés nous ont soumis leurs programmes de développement territorial en matière de fibre optique. L’État, à travers le Fonds national des télécommunications, qui est alimenté par une taxe annuelle de 2 % sur le chiffre d’affaires des opérateurs, financera l’installation du réseau là où ce n’est pas rentable pour les opérateurs privés. Au-delà des infrastructures lourdes, nous allons promouvoir les applications d’internet et des TIC.

Selon quelles priorités et à travers quelles actions ?

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Notre objectif est notamment de faire de l’État un utilisateur modèle en accélérant l’informatisation de l’administration. Nous allons aussi mettre l’accent sur l’enseignement à distance, l’e-éducation, internet nous permettant de faire intervenir de manière interactive des professeurs, même en résidence à l’étranger, au sein de plusieurs salles de cours dans tout le pays. Nous allons faire la même chose dans le domaine de la santé, avec par exemple des consultations à distance, le recours à des spécialistes en Côte d’Ivoire ou à l’étranger, ainsi que dans le secteur agricole, pour faciliter la commercialisation des produits vivriers et l’interconnexion des coopératives. L’Institut supérieur des postes et télécommunications à Abidjan, qui ne fonctionne plus depuis dix ans, sera rebaptisé École supérieure africaine des TIC [Esatic] et rouvrira en septembre 2012. Nous y formerons des techniciens supérieurs et des ingénieurs.

Il faut aussi relancer le Vitib, zone franche spécialisée dans les TIC et la biotechnologie, et y implanter une unité d’assemblage d’ordinateurs, plateforme de distribution pour la sous-région. Le Vitib a aussi vocation à accueillir des call centers, des plateformes informatiques pour les services délocalisés comme l’assistance, la facturation ou le stockage de données.

La concurrence sera libre entre les opérateurs.

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Plusieurs opérateurs sont en difficulté. Faut-il remettre de l’ordre dans le ­secteur ?

Il le faut impérativement. Notre code des télécommunications date de 1995. Sa révision prendra en compte les évolutions technologiques et les nouveaux usages. Sept licences ont été délivrées et cinq opèrent actuellement. C’est trop. Nous ne comptons pas remettre en question les contrats passés, mais aucune licence ne sera maintenue artificiellement en vie. La concurrence sera libre entre les opérateurs, qui seront en outre soumis à un cahier des charges favorisant le déploiement et la qualité des services ainsi que le développement du secteur.

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Propos recueillis par Pascal Airault

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