Ces patrons qui misent sur l’Afrique

En Europe et dans les grands pays émergents, la croissance est en panne. Ces dirigeants de multinationales et de PME performantes mettent donc le cap sur le continent africain.

Geoff Skingsley, directeur Afrique et Moyen-Orient de L’Oréal. DR

Geoff Skingsley, directeur Afrique et Moyen-Orient de L’Oréal. DR

Publié le 16 décembre 2013 Lecture : 5 minutes.

Hubert Sagnières

PDG d’Essilor

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Le patron du numéro un mondial des verres correcteurs a l’Afrique en ligne de mire… et y multipli e les rachats pour accroître ses positions. Au Maroc, après une première prise de participation dans L’N Optic en 2011, Essilor a acquis VST Lab et Optiben en 2012. La même année, en Tunisie, le groupe a pris le contrôle du laboratoire Sivo, numéro un du marché, également présent en Algérie, au Maroc, en Côte d’Ivoire, au Togo et au Cameroun. Toujours en 2012, Essilor s’est implanté en Afrique de l’Est, en rachetant le laboratoire Optic Kenya.

Franck RiboudFranck-Riboud-Danone AFP

PDG de Danone

Emblématique patron du géant Danone, Franck Riboud a su hisser son groupe parmi les leaders mondiaux du secteur agroalimentaire en l’ouvrant à l’Asie et à l’Amérique du Sud dès la fin des années 1990. Aujourd’hui, alors que la croissance ralentit dans les grands pays émergents, il voit l’avenir en Afrique, qu’il qualifie de « nouvelle frontière », et avance ses pions.

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Déjà présent en Afrique du Sud, Danone s’est emparé de Centrale laitière au Maroc en juin 2012 puis s’est offert en octobre dernier 49 % de Fan Milk, premier fabricant et distributeur de produits laitiers et de jus en Afrique de l’Ouest, dont il doit progressivement prendre le contrôle. Objectif : obtenir dans la région le même succès avec ses yaourts qu’avec ses produits de nutrition infantile.

Pascal Drouhaud

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Directeur adjoint d’Alstom pour l’Afrique subsaharienne et l’Amérique latine

C’est son excellente connaissance d’un autre continent émergent, l’Amérique du Sud, qui, en 1995, avait valu à Pascal Drouhaud d’être recruté par le Rassemblement pour la République (RPR, le parti de Jacques Chirac) comme chargé de mission aux Affaires étrangères. À ce poste qu’il a occupé pendant sept ans avant de devenir directeur des relations internationales de l’UMP, ce proche de l’ex-patron du Quai d’Orsay Alain Juppé a tissé un solide réseau africain. « J’ai rencontré Alassane Ouattara dès 1998. Nous pouvons nous parler en toute confiance », explique-t-il. En 2007, Drouhaud est approché par Alstom, fleuron industriel de la production électrique et du transport, pour développer ses marchés en Amérique latine et en Afrique. Le groupe est déjà très présent sur le continent : au Maghreb, avec les tramways marocains et algériens notamment, ainsi qu’au Nigeria, dans les centrales hydroélectriques, et en Afrique du Sud, où 80 % de la production électrique repose sur ses turbines. Âgé de 48 ans, Pascal Drouhaud mise entre autres sur le train urbain ferré d’Abidjan et les tramways de Douala et de Yaoundé pour continuer d’étendre sa toile.

Georges-Plassat-Carrefour Bertrand-Guay-AFPGeorges Plassat

PDG de Carrefour

À la tête du numéro deux mondial de la distribution, Georges Plassat est déjà considéré comme celui qui a spectaculairement redressé le groupe depuis qu’il en a pris les rênes, en avril 2012. Ce dirigeant à poigne de 64 ans a retiré l’enseigne de nombreux pays où elle n’était pas leader : Indonésie, Colombie, Malaisie, Singapour, Grèce et Turquie. L’Afrique, en revanche, fait l’objet d’un traitement de faveur. Présent en Tunisie, au Maroc et en Égypte, Carrefour travaille à un retour prochain en Algérie, d’où il s’était retiré il y a quatre ans. Pour Plassat, l’Afrique est un marché si prometteur qu’il vient – en cette période de restriction budgétaire – de confirmer l’implantation du groupe au sud du Sahara en signant le 29 mai un accord avec CFAO pour ouvrir des hypermarchés dans huit pays : Cameroun, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Ghana, Nigeria, RD Congo et Sénégal. Première inauguration prévue à Abidjan, en 2015.

Geoff Skingsley

Directeur Afrique et Moyen-Orient de L’Oréal

Pour ce Britannique diplômé d’Oxford qui a gravi tous les échelons de L’Oréal depuis son arrivée en 1986, le défi est de taille. Lui qui a lancé le groupe de cosmétiques en Inde en 1994 doit aujourd’hui renouveler l’exploit à la tête de la direction générale Afrique et Moyen-Orient, créée il y a deux ans. En retard sur Unilever et Procter & Gamble, ses deux grands concurrents, L’Oréal veut mettre les bouchées doubles sur le continent. Présent depuis cinquante ans en Afrique du Sud, il s’est implanté au Kenya et au Nigeria il y a un an et a acquis en avril la division santé et beauté du kényan Interconsumer Products, spécialisée dans le soin du cheveu et dont l’usine constituera un premier centre de production pour L’Oréal en Afrique de l’Est.

Jean-Francois-Fourt-Osead drJean-François Fourt

PDG d’Osead

Ce serial entrepreneur passé par la Silicon Valley considère l’Afrique comme un terrain propice à l’investissement. Spécialiste de l’énergie, il a créé en 2001 son propre fonds, Truffle Capital, et n’a donc pas eu de problèmes de financement lorsque, en 2006, il a lancé sa propre junior minière, Osead, et racheté une mine de plomb argentifère au Maroc. Développant des technologies d’extraction innovantes, la société a depuis étendu ses activités d’exploration à l’Algérie (uranium) et à la Côte d’Ivoire (or) puis à la Mauritanie, où il a obtenu en 2008 huit permis uranium sur plus de 10 000 km2. Au Niger enfin, il s’est vu attribuer l’an dernier deux permis or et a lancé un projet d’usine de retraitement.

Fabrice-et-raphael-Walewski-Touax drFabrice et Raphaël Walewski

Gérants de Touax

À la tête de l’entreprise familiale fondée en 1855, les frères Walewski ont pris pied en Afrique en 2012 en rachetant Sacmi, le numéro un marocain des constructions modulaires. Cette activité, l’une des quatre que l’entreprise exerce, avec le fret maritime, fluvial et ferroviaire, a représenté en 2012 le tiers de ses 358 millions d’euros de revenus. Touax, qui souffre de la morosité de la conjoncture européenne, souhaite réaliser 15 % de son chiffre d’affaires en Afrique d’ici à deux ou trois ans (il est de 5 % aujourd’hui).

Jean-Yves Tolot

Vice-président Afrique de Thales

Sur les bancs de l’École nationale d’administration (ENA), le patron Afrique de Thales (aéronautique, défense et sécurité) avait pour camarades Dominique de Villepin, Ségolène Royal et François Hollande. Trente-trois ans plus tard, Jean-Yves Tolot n’a pas coupé les ponts avec l’actuel président français, qu’il a accompagné dans ses récents déplacements en Afrique.

Thales emploie quelque 800 personnes au Maroc, en Algérie, en Égypte, en Afrique du Sud, au Kenya, au Nigeria, en Libye et au Cameroun. Après avoir été successivement vice-président du groupe pour l’Arabie saoudite, la Turquie et l’Asie centrale, Tolot a pris la tête de ses activités africaines il y a deux ans et s’emploie à les redynamiser.

En plus de sa participation à plusieurs programmes spatiaux (Arabsat, Nilesat, Eutelsat et RascomStar), Thales est présent dans le contrôle aérien (ses systèmes équipent 28 pays africains et gèrent 70 % du trafic sur le continent) et a trouvé un nouveau relais de croissance dans l’équipement en titres d’identité sécurisés : permis de conduire en Afrique du Sud, cartes d’identité au Kenya, au Cameroun ou au Maroc. Le groupe compte également se développer en Afrique à travers de nouvelles applications dans le secteur de la sécurité, au service des États, des entreprises ou des collectivités.

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