Côte d’Ivoire – Belgique : San Pedro rejoint le réseau international du port d’Anvers
Le port de San Pedro (Côte d’Ivoire) vient d’intégrer le réseau international du deuxième plus important port d’Europe, dont il est désormais le relais sur le continent. Un partenariat inédit en Afrique.
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Après Vitória (Brésil) pour l’Amérique latine, Duqm (Oman) pour le Moyen-Orient et Hazira (Inde) pour l’Asie, le Port autonome ivoirien de San Pedro (Pasp) devient le maillon Afrique du réseau international du port d’Anvers (Belgique). Lequel est le deuxième en Europe : 13 000 ha de superficie, 65 000 emplois directs… et plus de 187 millions de tonnes de marchandises traitées en 2011, soit plus de 8,6 millions d’équivalents vingt pieds (EVP, unité de mesure de volume de conteneurs représentant environ 38,5 m3), pour 15 240 navires accueillis. Un géant, comparé au Pasp, dont le trafic de marchandises avoisine 1,5 million de tonnes par an en moyenne, avec un débit en conteneurs d’environ 80 000 EVP (contre 648 000 EVP pour celui d’Abidjan, deuxième port de la sous-région après celui de Lagos, au Nigeria).
Ce réseau international de ports partenaires a été créé par les autorités du port d’Anvers, via sa filiale Port of Antwerp International (PAI), afin de renforcer sa présence hors d’Europe et, en particulier, dans les régions en développement.
L’objectif est de constituer une chaîne d’infrastructures répondant aux standards internationaux du port d’Anvers vers lesquelles rediriger des opérateurs économiques, en prenant des participations et en investissant dans le développement de ports stratégiques.
Objectif : passer d’un trafic de 1,2 million de tonnes en 2010 à 10 millions en 2015.
L’accord de partenariat, signé le 17 novembre, constitue « une union inédite en Afrique », se réjouit Hilaire Marcel Lamizana, directeur général du port de San Pedro. Il porte sur l’assistance technique, les investissements, la formation et le développement des relations commerciales du Pasp. Un coup d’accélérateur aux projets d’extension des autorités portuaires pétrussiennes, qui va aussi leur donner plus d’arguments pour « vendre » le port aux opérateurs économiques. En particulier à ceux de l’hinterland, qui acheminent des marchandises depuis l’ouest du pays et les États voisins (notamment le sud du Mali, l’est de la Guinée et le sud-est du Liberia) et l’avaient déserté, entre autres à cause du racket systématique dont leurs transporteurs étaient naguère victimes sur les routes des zones contrôlées par les rebelles.
L’objectif des autorités portuaires pétrussiennes est de faire passer le trafic de marchandises de 1,2 million de tonnes en 2010 à 10 millions en 2015.
Ambitions réalistes ?
Si son trafic semble modeste comparé à ceux d’Anvers et des grands ports de la sous-région, San Pedro n’est pourtant pas si petit. Premier port mondial pour l’exportation de fèves de cacao, dont la Côte d’Ivoire est le premier producteur, San Pedro, qui fait transiter la moitié de la récolte ivoirienne, engrange près de 17 % des recettes douanières du pays.
L’intégration au réseau des ports d’Anvers est aussi le résultat d’une bonne gestion managériale et d’un investissement de 1,59 milliard de F CFA (plus de 2,4 millions d’euros) réalisé en 2008 par le Pasp pour mettre à niveau ses équipements et infrastructures. Étendu sur 2 000 ha, le port de San Pedro possède un accès maritime direct, avec un chenal de 13,5 m de profondeur et deux jetées, ouest et est, longues respectivement de 265 m et 145 m.
Nouveaux investisseurs
Environ 80 % de la zone portuaire sont inexploités. Pour leur aménagement, le Pasp doit bénéficier d’investissements directs du PAI, qui iront à l’élaboration d’un plan directeur, puis à la réalisation des infrastructures nécessaires, à l’instar de celles que finance ce dernier dans les ports membres du réseau, au Brésil et à Oman.
Le PAI a entrepris des études spécifiques pour le développement des installations et la gestion du domaine portuaire. Il doit notamment réaliser celles de zones logistiques pour le stockage de riz, de noix de cajou, d’engrais et de coton. Et 150 ha seront aménagés pour accueillir de nouveaux investisseurs. « L’un des objectifs est de développer nos activités en Afrique de l’Ouest à partir de San Pedro et de drainer une partie du fret et des clients vers Anvers », explique Nico Vertongen, le directeur Afrique du PAI. Par ailleurs, des stages pour les professionnels vont être dispensés par Apec, la filiale formation du port d’Anvers, qui accordera trois bourses par an au personnel du Pasp.
Ce dernier doit donc veiller à ne pas décevoir ses nouveaux partenaires et à relever un défi majeur : hisser tous ses segments d’activité au niveau des standards internationaux afin de satisfaire au plus tôt les exigences inhérentes à l’entrée dans une chaîne aussi élitiste.
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