Côte d’Ivoire : Ouattara – Sarkozy, une amitié qui dure
Nouveau traité de défense, promesse d’une remise de dette… et embrassades. C’est surtout sous le sceau de l’amitié qu’a eu lieu la première visite d’État du président ivoirien Alassane Ouattara chez son homologue français Nicolas Sarkozy, du 25 au 27 janvier dernier. Retour sur un couple françafricain qui dure.
Côte d’Ivoire : les douze travaux d’ADO
Peu de présidents africains auront eu droit à un tel déploiement de fastes. Et de sécurité. « C’est un accueil digne de ceux réservés au président Houphouët-Boigny lors de ses escales françaises », répétaient les membres de la délégation ivoirienne. Pour sa première visite d’État en France, du 25 au 27 janvier, Alassane Dramane Ouattara (ADO) a en effet reçu tous les honneurs. Escorte de la cavalerie et des brigades motorisées de la garde républicaine en grande tenue, réception à l’Assemblée nationale et au Sénat, déjeuner avec le Premier ministre français, François Fillon, dîner au palais de l’Élysée, en compagnie de son épouse Dominique, avec Carla et Nicolas Sarkozy, et quelques invités triés sur le volet. Avant une discrète cérémonie croisée de remise de décorations, dans les salons, entre les deux couples présidentiels.
Après une décennie de bas plus que de hauts, la Côte d’Ivoire et la France ont affiché des relations à nouveau privilégiées. Et pas question de laisser des trouble-fête pro-Gbagbo gâcher les retrouvailles : leurs « démonstrations » ont été circonscrites très loin du parcours du président ivoirien.
Intervention des forces françaises
Une visite d’État, certes, mais aussi une visite d’amitié. « Si j’ai cinq ou six vrais amis dans le monde, il en fait partie », déclarait en janvier le président ivoirien à propos de son homologue français dans les colonnes de l’hebdomadaire L’Express. Car entre Alassane Ouattara et Nicolas Sarkozy, c’est une relation de plus de vingt ans, qui date de l’époque où ADO était Premier ministre de son pays et Nicolas Sarkozy maire de Neuilly et avocat d’affaires. Des liens tels que la visite, initialement prévue pour le mois de novembre, a été repoussée en raison de l’indisponibilité de la première dame française, Carla Bruni-Sarkozy. Et, au risque d’apporter de l’eau au moulin de ses détracteurs, le président ivoirien n’a pas manqué, une fois de plus, de remercier son hôte pour l’intervention des forces françaises, qui ont contribué à l’installer à la tête de son pays.
Sarkozy s’est inquiété de ne pas voir de poursuites engagées contre des membres des FRCI.
Amitié et reconnaissance, donc. Qui ne les ont pas empêchés d’aborder des sujets délicats, comme celui de la justice. Si Nicolas Sarkozy s’est inquiété de ne pas voir de poursuites engagées contre des membres des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), fidèles à Ouattara, ce dernier a tenu à le rassurer : « Il n’y aura pas d’impunités ; traitement égal de tous les Ivoiriens. » Et de signer, à l’issue de leur entretien, un traité de défense entérinant le maintien de 300 soldats français en Côte d’Ivoire, non pour la protection d’ADO, mais pour assister à « la refonte des forces de sécurité ivoiriennes » et former leurs cadres.
Les bons comptes franco-ivoiriens
Autre sujet : la dette. Nicolas Sarkozy a promis de faciliter la remise de la dette ivoirienne à l’égard de la France (environ 1 milliard d’euros), mais la Côte d’Ivoire a encore besoin d’un sérieux coup de pouce pour atteindre le point d’achèvement de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE), feu vert du Fonds monétaire international (FMI) pour une annulation massive de la dette extérieure. Le président français s’est engagé à demander à la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, d’accélérer les choses. À la clé, une annulation de quelque 6 milliards de dollars (4,5 milliards d’euros) auprès des bailleurs multilatéraux et bilatéraux.
Malgré un agenda officiel très chargé, mais scrupuleusement respecté, les visiteurs du soir – hommes d’affaires ou opportunistes – se sont succédé au Meurice, le palace parisien où le chef de l’État ivoirien avait pris ses quartiers. Au siège du Medef, l’organisation patronale française, il a lancé un vibrant appel aux chefs d’entreprise de l’Hexagone : « Je vous invite à revenir en Côte d’Ivoire, à y investir massivement. » Puis il s’est envolé, le 27 janvier, tard dans la nuit, pour le sommet de l’Union africaine, à Addis-Abeba. Sans omettre de remercier encore une fois, au téléphone, son ami Nicolas Sarkozy.
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Par Baudelaire Mieu et Malika Groga-Bada
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