Algérie : Abdelhamid Mehri, rassembleur jusqu’au bout

Démocrate accompli, respecté de tous, Abdelhamid Mehri, l’ex-secrétaire général du FLN s’est éteint le 30 janvier.

Publié le 10 février 2012 Lecture : 2 minutes.

Mort, il aura continué à faire ce qu’il a fait toute sa vie : rassembler. Les obsèques d’Abdelhamid Mehri, décédé le 30 janvier à l’hôpital militaire d’Aïn Naadja, à Alger, à l’âge de 85 ans, se sont déroulées en présence d’une foule importante, dont des personnalités issues de toutes les sensibilités politiques algériennes, parmi lesquelles deux anciens chefs de l’État algérien (Chadli Bendjedid et Ali Kafi), de nombreux ex-Premiers ministres (dont le « porté disparu » Ali Benflis), des ex-islamistes radicaux (anciens du Front islamique du salut [FIS], dissous) et des militants laïques.

Figure marquante du mouvement nationaliste des années 1940, Abdelhamid Mehri s’était engagé très tôt dans la lutte pour l’indépendance, rejoignant le Front de libération nationale (FLN) au lendemain du déclenchement de la guerre d’indépendance, le 1er novembre 1954. Ses aptitudes en font, dès 1958, un ministre du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA). À ce titre, il participe aux négociations d’Évian avec la puissance coloniale. Au lendemain de l’indépendance, il se met en retrait de la vie politique et opte pour le travail « utile et efficace » : l’éducation. Le pouvoir, alors en mal de compétences, le rappelle pour lui confier des postes diplomatiques stratégiques (Paris, puis Rabat).

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Refus de l’interruption du processus électoral en janvier 1992

En 1988, les événements d’octobre emportent le régime du parti unique. Comment réformer le FLN, parti-État ? Le président Chadli Bendjedid, secrétaire général du parti, demande à Abdelhamid Mehri, personnalité consensuelle connue pour sa probité et son humilité, de mener la barque FLN au milieu de la tempête. Mal lui en a pris. Mehri, démocrate accompli, refuse le principe de l’interruption du processus électoral en janvier 1992. Fait inédit, le FLN entre en dissidence contre le pouvoir, s’inscrivant dans une ligne « réconciliatrice » contre une solution exclusivement militaire du phénomène de l’islamisme armé. Le FLN franchit un nouveau pas en février 1995, quand Abdelhamid Mehri engage sa formation dans les accords de paix de Sant’Egidio, du nom de cette communauté catholique romaine qui a joué le rôle de médiateur dans le conflit algérien. Cris d’orfraie à Alger, où Mehri est accusé de brader la souveraineté nationale. Victime d’un « coup d’État scientifique », il est débarqué de la direction du FLN et contraint à une retraite forcée, mais il ne se taira pas pour autant. Jusqu’à sa mort, il martèle que la guerre de libération a certes mené le pays vers l’indépendance, mais qu’« elle a failli sur ses deux autres objectifs : la construction d’un État réellement démocratique et l’édification du Grand Maghreb »

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