La raffinerie de N’Djamena, source de tensions entre le Tchad et la Chine
Depuis son inauguration, en juin 2011, la raffinerie de N’Djamena a fermé plusieurs fois. Rien ne va plus entre la société tchadienne et son l’actionnaire chinois.
Lors de l’inauguration de la Société de raffinage de N’Djamena (SRN), en juin 2011, les Tchadiens n’auraient jamais imaginé que, six mois plus tard, ils seraient confrontés à une pénurie de carburants, notamment de gasoil, très demandé sur le marché local.
Détenue à 60 % par la compagnie nationale pétrolière chinoise CNPCI et à 40 % par l’État tchadien, la SRN, qui a coûté 450 millions d’euros, avait été présentée comme le fruit d’un partenariat gagnant-gagnant devant permettre au Tchad, producteur de brut depuis 2003, d’accéder à l’indépendance énergétique. La production de cette raffinerie (20 000 barils par jour) devait largement couvrir les besoins du pays et faire de lui un exportateur de produits raffinés dans la sous-région. Cet espoir a tourné court.
En l’espace de six mois, les tensions se sont multipliées entre les deux parties, entraînant plusieurs fermetures de la raffinerie. La dernière est survenue le 19 janvier après un arrêt de production de plus de un mois. « C’était un moment de grande colère », commente Mahamat Allahou Taher, le ministre tchadien du Commerce et de l’Industrie.
Pas d’accord sur les tarifs
Les deux parties peinent à se mettre d’accord sur un mécanisme permettant de proposer des tarifs abordables aux Tchadiens. « Nous avons fait toutes les concessions. Mais, à chaque fois, nos partenaires nous en demandent plus », regrette le ministre, pour qui ce problème, s’il perdure, « pourrait éroder la confiance et entacher la coopération » bilatérales. De son côté, la CNPCI, qui évaluait en août dernier le déficit à 4,7 millions de dollars, affirme que la raffinerie tourne à perte et réclame l’application des prix du marché pour amortir l’investissement. Le Tchad a commandé un audit à Cameroun Audit Conseil (CAC) et envisage de renégocier certains termes du contrat le liant à la CNPCI. Avant cela, les autorités ont invité le directeur général chinois de la SRN à quitter le territoire. De même, Eugène Tabé, le ministre tchadien du Pétrole, a été remercié pour n’avoir pas défendu les intérêts nationaux. Il a été remplacé par Brahim Alkhali, jusque-là directeur général de l’École nationale d’administration et de magistrature de N’Djamena.
Une délégation chinoise, conduite par l’un des deux vice-présidents de la CNPCI, était attendue le 3 février dans la capitale tchadienne pour ouvrir de nouvelles discussions avec le gouvernement. « Si nos conditions préalables, notamment la nomination d’un nouveau directeur général de la SRN, sont respectées, la raffinerie devrait rouvrir dans la foulée », assure Taher.
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