Angola : Manuel Vicente, l’homme du président dos Santos
Bombardé ministre d’État le 30 janvier, l’ex-patron de Sonangol Manuel Vicente pourrait faire figure de dauphin du chef de l’État angolais José Eduardo dos santos. Du moins si les cadres historiques du MPLA le laissent faire.
Un air bonhomme, un sourire enjôleur… Manuel Vicente, 55 ans, c’est un peu l’opposé de José Eduardo dos Santos, le chef d’État le plus secret du continent. Pourtant, cet ex-footballeur, diplômé en électronique à l’université de Luanda, est l’un des hommes de confiance du président angolais. Depuis 1999, il dirigeait la toute-puissante compagnie pétrolière Sonangol, qui produit près de 2 millions de barils par jour – presque autant que le Nigeria. Ces dernières années, il a fait de Sonangol un véritable fonds souverain. Avec sa partenaire Isabel dos Santos, fille aînée du président, il a monté le holding Esperanza, qui investit à tour de bras au Portugal.
Impunité judiciaire du clan Dos Santos
Depuis le 30 janvier, Vicente est ministre d’État chargé de la Coordination économique. À la tête de Sonangol, il a laissé la place à son bras droit, Francisco de Lemos José Maria – ce qui rassure les clients chinois et occidentaux. Pourquoi dos Santos fait-il entrer Vicente au gouvernement ? « Pour préparer sa succession, estime un ex-cadre du parti au pouvoir, le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA). Dos Santos aura 70 ans cette année. Il va certainement se présenter aux élections de septembre prochain [des législatives à l’issue desquelles la tête de liste du parti vainqueur deviendra président, NDLR]. Mais le jour où il quittera le pouvoir, il devra assurer à son clan familial une impunité judiciaire. Avec Vicente, il n’a pas trop de souci à se faire. »
Le problème, c’est que les apparatchiks du MPLA ne sont pas tous d’accord. Certes, en 2009, Vicente est entré au bureau politique (BP) du parti. Mais pour les vétérans de la guerre contre l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (Unita), c’est un novice sans états de service, ni au parti ni dans l’armée. Il y a quelques semaines, le BP s’est réuni pour désigner les numéros deux et trois de la liste MPLA aux prochaines législatives. De bonne source, le futur numéro un dos Santos a proposé Vicente comme numéro deux. Mais les « grognards » du BP n’ont pas dit oui, et ont renvoyé la décision à la mi-février. En propulsant Vicente au gouvernement, dos Santos veut sans doute leur forcer la main.
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