Etta James, la vie comme une chanson

Chanteuse de légende dont le titre « At Last » avait été repris par Beyoncé lors de l’investiture de Barack Obama en 2009, Etta James s’est tue le 20 janvier.

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Publié le 29 janvier 2012 Lecture : 3 minutes.

« Life is like a song », chantait Etta James. Et comme toutes les chansons, même les plus belles, la vie d’Etta James a pris fin le 20 janvier à Los Angeles. Atteinte d’une leucémie et de la maladie d’Alzheimer, la grande dame du rhythm and blues a connu un destin digne d’un film hollywoodien, où le glamour, les addictions et les histoires d’amour malheureuses ont eu la part belle.

Née en 1938 à Los Angeles, Jamesetta Hawkins ne vient pas au monde dans un foyer heureux. Sa mère n’a alors que 14 ans, et elle sera élevée par une ribambelle d’inconnus, des voisins et quelques parents éloignés. Elle ne connaîtra jamais avec certitude l’identité de son père, même si elle était persuadée qu’il s’agissait de Minnesota Fats, un célèbre champion de billard. À l’âge de 5 ans, elle exerce sa voix dans un choeur de gospel au sein de l’église baptiste Saint-Paul. À l’adolescence, elle se tourne vers la musique profane. Découverte à l’âge de 15 ans par l’impresario Johnny Otis – qui est lui-même décédé le 17 janvier dernier -, elle enregistre le tube The Wall Flower, dont les paroles suggestives font aussitôt scandale. Le titre se hisse aux sommets des charts en 1954. Et comme c’était souvent le cas à l’époque avec les chanteurs noirs, une version plus soft est enregistrée par un chanteur blanc et séduit un très large public. En 1960, Etta James signe un contrat avec Chess Records et enregistre ses premiers grands succès comme All I Could Do Is Cry, Trust in Me, The Fool That I Am et, surtout, l’album Tell Mama (1968).

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Sur le plan musical, Etta James ne correspond à une aucune case. Sa voix chaude et grave et son souffle puissant en ont fait une interprète multiforme. Considérée comme une chanteuse de rhythm and blues dans les années 1950, c’est en interprétant des standards pop qu’elle est devenue célèbre, notamment grâce au morceau At Last, enregistré en 1961. Mais elle se vit aussi décerner un Grammy Award dans la catégorie jazz pour un album de reprises de chansons de Billie Holiday en 1995. Malgré un talent reconnu, Etta James n’a jamais véritablement occupé le devant de la scène. Pour Michael Cole, chercheur spécialiste du jazz, « elle a toujours été à un pas du succès populaire. Sans Aretha Franklin, sa principale concurrente, elle aurait été la reine de la soul ».

À partir des années 1970, aux prises avec l’héroïne et l’alcool, Etta James multiplie les cures de désintoxication et connaît une longue traversée du désert. On la retrouve parfois sur scène, notamment en première partie des Rolling Stones, en 1978, mais il faut attendre 1988 pour la voir reprendre le chemin des studios. En 2003, elle enregistre Let’s Roll, qui reçoit le Grammy Award du meilleur album de blues contemporain. Elle s’était attelée, ces derniers mois, à la confection d’un ultime album, The Dreamer, qui sortira en France début février.

Elle a influencé Janis Joplin, Tina Turner mais aussi des artistes plus récentes comme Amy Winehouse ou Beyoncé.

Devenue une chanteuse classique, invitée dans les festivals les plus prestigieux, elle a influencé Janis Joplin, Tina Turner mais aussi des artistes plus récentes comme Amy Winehouse ou Beyoncé. Cette dernière avait d’ailleurs incarné Etta James, en 2008, dans le film Cadillac Records et avait interprété le titre At Last le jour de l’investiture de Barack Obama. Il en fallait plus pour émouvoir la vieille légende du blues : « Je ne peux pas supporter Beyoncé, je vais lui botter les fesses », avait-elle lancé, avant de se moquer du président « aux grandes oreilles ». 

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