Malgré un arbitrage en sa défaveur, le Tchad nationalise une ex-filiale d’ExxonMobil
Tous les actifs d’Esso Tchad, dont N’Djamena conteste la vente à Savannah Energy PLC, seront nationalisés.
Le Tchad a annoncé la nationalisation de tous les actifs d’Esso Tchad, une ex-filiale du géant américain des hydrocarbures ExxonMobil dont N’Djamena conteste la vente récente à une compagnie britannique.
Dans un communiqué publié le 24 mars, l’entreprise en question, Savannah Energy PLC, s’est insurgée contre ce qu’elle considère comme « une violation directe des conventions internationales », et d’un arbitrage récent en sa faveur de la Chambre internationale de commerce de Paris (ICC), et annonce son intention de poursuivre l’État tchadien.
« Sont nationalisés tous les actifs et tous les droits de toute nature découlant des conventions, permis de recherche, autorisations d’exploitation et autorisations de transport des hydrocarbures de la société Esso Exploration and Production Chad Inc. » lit-on dans un décret signé par le président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno.
« Droit de préemption »
Le 9 décembre 2022, Savannah, qui opère essentiellement en Afrique, avait annoncé par un communiqué qu’ExxonMobil lui avait cédé la totalité des actifs de sa filiale Esso Exploration and Production Chad Inc. qui comprennent notamment des concessions dans certains champs – notamment le gisement de Doba dans le sud – et la vente du pétrole extrait, ainsi qu’une participation dans le pipeline Tchad-Cameroun qui permet d’acheminer le brut jusqu’au port camerounais de Kribi.
Le Tchad avait immédiatement contesté cette vente, assurant qu’elle avait été « réalisée en dépit des objections expresses du gouvernement tchadien » et au mépris de son « droit de préemption ». L’affaire avait été portée devant la ICC qui avait arbitré le 7 janvier en faveur de Savannah Energy.
Actifs vitaux
Le gisement de « Doba et le pipeline Tchad-Cameroun constituent des actifs vitaux et souverains pour le Tchad, ils ne sauraient être mis en péril par une opération irrégulière », se justifiait son ministère du Pétrole après l’annonce de l’acquisition en décembre dernier.
Le Tchad est devenu en 2003 l’un des pays africains producteurs et exportateurs de pétrole dont il est devenu très dépendant depuis. Les bénéfices tirés des hydrocarbures représentaient en 2020 11,33 % de son PIB, selon la Banque mondiale.
Cette nationalisation intervient « alors que Savannah Chad Inc’s. » – ainsi que la compagnie britannique a rebaptisé Esso Tchad – avait stoppé « et immédiatement inversé le déclin historique » de l’ex-filiale d’ExxonMobil et atteint « une production quotidienne moyenne de 29,349 barils depuis le 9 décembre 2022 », et « lancé des investissements pour accroître de manière substantielle cette production », plaide Savannah Energy dans son communiqué.
(avec AFP)
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