L’Afrique de l’Ouest au cœur des nouveaux circuits de la cocaïne
Sénégal, Guinée-Bissau, Côte d’Ivoire… Un rapport de l’ONU documente l’implication croissante des pays ouest-africains dans le trafic de drogue. Et en particulier dans celui de la poudre blanche en provenance d’Amérique du Sud.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 27 mars 2023 Lecture : 2 minutes.
Beaucoup de choses changent sans changer dans le nouveau « Rapport mondial sur la cocaïne 2023 » de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC). Si l’offre mondiale de l’alcaloïde tropanique extrait de la feuille de coca semble avoir officiellement progressé de 35% en moins de deux ans, difficile de savoir si les statistiques traduisent une plus grande efficacité des services de police – les saisies se multiplient –, l’effet de l’amélioration du processus de transformation du cocaïer en chlorhydrate de cocaïne ou une augmentation formelle de la demande de psychotropes, voire un effet de rattrapage après le déclin du trafic pendant la période du coronavirus.
Une chose est sûre : les destinations finales de la « coke » restent les mêmes au fil du temps – pays occidentaux et asiatiques notamment –, mais les chemins empruntés évoluent. De ce point de vue, si la Guinée-Bissau était déjà identifiée, depuis une vingtaine d’années, comme un épicentre africain des trafics, d’autres contrées de l’ouest du continent ont imposé la région comme une plaque tournante de la cocaïne en provenance notamment de Colombie et du Brésil.
Ramifications politiques
Des embarcations de toute nature acheminent la marchandise des rives américaines à des pays africains côtiers comme le Sénégal, la Guinée-Bissau, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Bénin ou le Nigeria. Ces destinations servent de zones de transit vers l’Asie, notamment via l’Afrique de l’Est ou l’Afrique australe. La drogue peut être aussi bien dissimulée dans les bagages de participants à des séminaires, dans des boules d’attiéké ou dans l’estomac de « mules », ces individus qui avalent des balles de cellophane, avant de passer les frontières.
En ce qui concerne l’acheminement du « produit » vers les pays européens, la Côte d’Ivoire démantelait, il y a un an, un important réseau de trafic de cocaïne entre l’Amérique du Sud et l’Europe. Une affaire aux ramifications politiques. En aval de ces pays côtiers, ce sont souvent les couloirs terrestres sahéliens qui sont utilisés pour rejoindre la Méditerranée, notamment via les zones contrôlées par les groupes armés terroristes. En Algérie, au Niger, en Mauritanie, au Mali ou au Burkina Faso sévit la contrebande de stupéfiants divers et variés – cocaïne mais aussi cannabis, Tramadol ou alcools frelatés. Ces activités illicites constituent l’envers de la crise sécuritaire actuelles et des spécialistes n’hésitent plus à qualifier certains pays ouest-africains de narco-États.
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