Turquie – France : court-circuit diplomatique

Entre Erdogan et Sarkozy, le courant n’est jamais passé. L’adoption par le Parlement français d’une loi sanctionnant la négation du génocide arménien n’arrange pas les choses.

Nicolas Sarkozy et Recep Tayyip Erdogan, à Ankara, le 25 février 2011. © Umit Betkas/Reuters

Nicolas Sarkozy et Recep Tayyip Erdogan, à Ankara, le 25 février 2011. © Umit Betkas/Reuters

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Publié le 29 janvier 2012 Lecture : 2 minutes.

Entre eux, c’est un éternel malentendu. Avant même son élection, en 2007, Nicolas Sarkozy s’était attiré la suspicion de Recep Tayyip Erdogan en déclarant qu’il s’opposerait à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne (UE). Près de cinq ans plus tard, le président français bloque toujours l’ouverture de tous les chapitres de négociation pouvant mener Ankara à une pleine adhésion et évite le Premier ministre turc, dont l’ego est mis à rude épreuve. Une situation étonnante alors que tous deux sont adeptes de relations très personnelles entre hommes d’État.

En 2008, Erdogan était venu à Paris à reculons pour le lancement de l’Union pour la Méditerranée, soupçonnant une manoeuvre de la France pour troquer la candidature de son pays à l’UE contre un partenariat régional. « Sarkozy dit parfois des choses que la raison ne saurait accepter », avait-il lâché en janvier 2010. Ajoutant en privé : « Avant qu’il n’arrive au pouvoir, j’avais d’excellentes relations avec Jacques Chirac. » Étranges regrets quand on se souvient qu’il avait honni ledit Chirac après sa volte-face sur la candidature d’Ankara à l’UE.

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"Raciste"

La seule « vraie » visite d’Erdogan en France, en avril 2010, n’a pas brisé la glace. « Angela Merkel est déjà venue deux fois chez nous, s’était-il plaint. Sarkozy toujours pas. » La fameuse visite a eu lieu en février 2011. Mais Sarkozy l’a faite en sa seule qualité de président du G20. Sans Carla Bruni. Et il n’est resté que six heures à Ankara. « Pas à la hauteur de l’amitié franco-turque », a tempêté Erdogan.

L’adoption par l’Assemblée nationale (22 décembre 2011) et par le Sénat français (23 janvier) d’une loi sanctionnant toute personne qui nierait l’existence du génocide des Arméniens (500 000 à 1,5 million de morts en 1915-1916), dont l’État turc conteste la qualification et l’ampleur, n’arrange pas les choses. « Loi raciste », « retour au fascisme »… Erdogan ne lésine pas sur les mots. Et replace la querelle sur un plan personnel.

Accusant Sarkozy de chercher les suffrages des 500 000 Arméniens de France en vue de la présidentielle d’avril-mai, il rappelle que le grand-père maternel du président français était un Juif de Salonique dont la famille, fuyant l’Inquisition, avait trouvé refuge dans l’Empire ottoman en 1492. Entendez : Sarkozy, l’ingrat, n’éprouve aucune reconnaissance envers la Turquie. Enfin, Erdogan confie qu’il ne mettra plus les pieds en France tant que Sarkozy sera président. Réponse dans trois mois.

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