Soudan : Khartoum et la soif de pétrole
Depuis la partition, en juillet 2011, l’Etat soudanais a perdu 75 % de ses revenus pétroliers. Et cherche de nouveaux moyens pour remplir ses caisses.
Le Soudan d’Omar el-Béchir est-il au bord de la faillite ? « Non, estime Roland Marchal, chercheur au Centre d’études et de recherches internationales (Ceri) et spécialiste du Soudan, même si le pays entre dans une période de disette et doit changer de politique. » Privé de 75 % de ses revenus pétroliers depuis la scission avec le Soudan du Sud, en juillet dernier, sous le coup de sanctions économiques américaines depuis 1997, Khartoum cherche de l’argent frais, notamment auprès de ses voisins.
D’autant que la tension monte avec le Soudan du Sud, contraint d’évacuer ses 350 000 barils/jour via le Nord. Entre le 17 et le 23 janvier, les deux nations ont à nouveau négocié les tarifs de transit à Addis-Abeba, avec la médiation de l’Union africaine. Alors que Khartoum réclame 36 dollars (environ 28 euros) par baril transitant sur son territoire, Djouba n’en paie que 0,70. En conséquence, le Nord a bloqué en décembre des navires pétroliers à Port-Soudan et ponctionné 23 % d’or noir au passage pour rembourser 900 millions de dollars de ce qu’il considère comme des arriérés. Et alors que le Sud a renégocié ses contrats avec les compagnies pétrolières chinoises et malaisiennes, le Nord a mis aux enchères six nouveaux blocs, dans l’espoir de trouver de l’or noir et d’augmenter sa production.
Arme fiscale
Sous pression financière et en proie à une inflation galopante (18,1 % en 2011), le Soudan a par ailleurs décidé d’augmenter les taxes dans les télécoms, un secteur en forte croissance. Dès cette année, les ventes (appareils, etc.) et les services seront taxés à 30 %, contre 20 % jusqu’ici, et les profits imposés à hauteur de 30 %, contre 15 %. En réaction, le sud-africain MTN (l’un des trois opérateurs avec le koweïtien Zain et la compagnie locale Sudatel) a indiqué le 19 janvier vouloir augmenter de 50 % le nombre de ses abonnés pour compenser ce manque à gagner.
Outre un plan d’austérité visant à réduire ses dépenses, Khartoum entend céder Sudan Airways. Faute de pouvoir assurer la maintenance, la compagnie – l’une des plus anciennes d’Afrique – accuse régulièrement des avaries techniques.
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