Français de l’étranger : des législatives partielles pimentées par les enjeux diplomatiques

Les électeurs de trois circonscriptions se rendent à nouveau aux urnes ce dimanche, avec en toile de fond la crise politique israélienne et les tensions diplomatiques entre Paris et Rabat.

Le député français Les Républicains Meyer Habib lors d’un débat à l’Assemblée nationale, le 28 novembre 2022. © Emmanuel DUNAND / AFP

Publié le 30 mars 2023 Lecture : 3 minutes.

Après avoir constaté des « irrégularités » et des « manœuvres » de ses sympathisants « de nature à altérer la sincérité du scrutin », le Conseil constitutionnel a annulé la victoire du controversé député apparenté LR Meyer Habib dans la 8e circonscription des Français de l’étranger, qui regroupe plusieurs pays du pourtour méditerranéen dont Israël, l’Italie, la Grèce et la Turquie.

Il a également invalidé deux autres élections, pour des « dysfonctionnements » lors du vote électronique : celle du député Nupes Karim Ben Cheïkh dans la 9e circonscription (Maghreb et Afrique de l’Ouest) et celle de la députée Renaissance Eléonore Caroit dans la 2e (Amérique latine et Caraïbes). Les résultats du premier tour seront connus ce week-end, et du second le 16 avril.

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Dans la 8e circonscription, l’homme d’affaires franco-israélien Meyer Habib, 61 ans, proche du Premier ministre Benyamin Netanyahou, retourne devant les électeurs en pleine crise politique en Israël, après près de trois mois de mobilisation massive contre le projet de réforme du système judiciaire.

Ennuis judiciaires

Ces soubresauts locaux peuvent-ils influencer les électeurs français ? L’ancien secrétaire d’État à l’Intérieur Alain Marleix estime que le redécoupage électoral mené sous la présidence de Nicolas Sarkozy débouchant sur la création de 9 sièges de députés pour les Français de l’étranger depuis les législatives de 2012, empêche que « le contexte politique ne joue [un] rôle » sur le scrutin. Il reconnaît toutefois avoir pris en compte « beaucoup de considérants » afin d’éviter qu’Israël se retrouve dans la même circonscription que des pays voisins. « Le député ne peut aller faire campagne en Jordanie. Cela aurait posé d’énormes problèmes de sécurité pour lui », assure-t-il.

Meyer Habib affronte notamment la macroniste Deborah Abisror-De Lieme, qu’il n’avait devancée que de 193 voix lors du scrutin de l’année dernière. Sur Twitter, elle a exprimé son « respect infini [du] peuple israélien qui se bat pour sa démocratie », après les récentes manifestations contre la réforme de la justice de Netanyahou. Mais ses attaques portent surtout sur les ennuis judiciaires de Meyer Habib, visé par une enquête pour « détournement de fonds publics » concernant la rémunération de ses collaborateurs parlementaires. Dans un climat électrique, Deborah Abisror-De Lieme a la semaine dernière mis en demeure par le biais de son avocat M. Habib, l’accusant de nouveau d’avoir mis en place des « centres d’appels ».

Enjeux aiguisés

Dans la 9e circonscription, qui regroupe Maghreb et Afrique de l’Ouest, les enjeux sont aiguisés par les relations diplomatiques dégradées entre Paris et Rabat, alors que le Maroc compte la plus grosse communauté française de la zone avec quelque 52 000 ressortissants. En plein réchauffement entre la France et l’Algérie, la presse marocaine passe au crible les positions des candidats concernant le Sahara occidental, objet d’un conflit avec Alger.

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La question est de savoir si Karim Ben Cheikh, né à Tunis, retrouvera son siège au Palais Bourbo  après avoir battu en juin l’ancienne ministre macroniste Elisabeth Moreno. Il est favorable à la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, tout comme son adversaire, M’jid el Guerrab, ex-député LREM, aujourd’hui candidat indépendant. Tous deux se présentent face à Caroline Traverse, une avocate de Casablanca, investie par Renaissance. Parmi les 15 candidats, à signaler l’ex-détenu Grégory Zaoui, connu pour être le « cerveau » de l’escroquerie à la taxe carbone.

Dans la 2e circonscription enfin, Eléonore Caroit (Renaissance), qui s’était largement imposée avec 57,42 % des voix, remet son siège en jeu face au député de la Nupes le franco-chilien Christian Rodriguez (42,58 %).

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(avec AFP)

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