Côte d’Ivoire – France : Ouattara et Sarkozy, comme les doigts de la main
Ouattara et Sarkozy se sont mutuellement soutenus dans l’adversité. Ils se connaissent depuis vingt ans, et leur amitié ne s’est jamais démentie. L’occasion de la réaffirmer, lors de la visite d’Etat du président ivoirien à Paris, du 25 au 27 janvier.
Petite confidence d’un proche de Nicolas Sarkozy : « Si la visite d’État d’Alassane Ouattara à Paris a été reportée d’un mois, c’est notamment parce que, à la première date prévue, Carla Bruni-Sarkozy ne pouvait pas assister au dîner à l’Élysée. Le 26 janvier, elle sera là. » L’anecdote en dit long sur l’amitié qui lie Sarkozy à Ouattara. « Entre Chirac et Bongo, c’était une amitié d’État à État. Là, c’est vraiment personnel, et c’est élargi aux couples », confie un homme du sérail. Le 19 août 2011, les Ouattara ont été invités à dîner par les Sarkozy à leur résidence d’été du cap Nègre, dans le sud de la France – un privilège rare.
Au début des années 1990, c’est l’industriel Martin Bouygues qui a mis les deux hommes en contact. Contrairement à une rumeur tenace, Alassane et Dominique Ouattara ne se sont pas mariés à la mairie de Neuilly, et Sarkozy n’était pas de la noce. Mais, entre le Premier ministre ivoirien et le ministre français du Budget – deux champions du libéralisme -, le courant était passé tout de suite, et les épouses, Dominique et Cécilia (à l’époque), ont fait le reste.
Quand Ouattara a failli être tué par les hommes de Gbagbo, en septembre 2002, Sarkozy a veillé sur lui.
« C’est dans l’épreuve… » Pendant la traversée du désert de Sarkozy (1995-1997), Ouattara était là. Quand Ouattara a failli être tué par les hommes de Gbagbo, en septembre 2002, Sarkozy a veillé sur lui… Aujourd’hui, l’Ivoirien est sans doute le seul ami africain du Français, et Ouattara confiait en janvier 2011 à L’Express, à propos de Sarkozy : « Si j’ai cinq ou six vrais amis dans le monde, il en fait partie. »
Sarkozy et les promesses de Gbagbo
Leur amitié a-t-elle pesé sur la politique ivoirienne ? Pas tout de suite. Jusqu’en 2009, Sarkozy a essayé de croire en la promesse de Gbagbo de faire des élections libres. Puis il s’est lassé des manoeuvres dilatoires de son homologue ivoirien et a reçu de plus en plus souvent l’opposant Ouattara à l’Élysée, à l’heure de l’apéritif. À partir du coup de force électoral de Gbagbo, en décembre 2010, les deux complices se sont beaucoup parlé. « Ouattara était reclus au Golf Hôtel, se souvient l’un de ses proches. Souvent, il appelait le secrétariat de l’Élysée avant dîner, et Sarkozy le prenait tout de suite. »
Au plus fort de la crise, en mars-avril 2011, les coups de fil entre les deux hommes sont devenus quotidiens. « C’est là que j’ai vu que leur amitié avait un effet, confie un témoin. Quand le camp Gbagbo attaquait, Ouattara et Sarkozy se parlaient presque en temps réel, et ça leur permettait de réagir très vite, en saisissant l’ONU ou en prenant une initiative militaire. » Ce fut le cas le 9 avril, au moment du bombardement du Golf Hôtel par les forces de Gbagbo. Si Alassane Ouattara était français, on sait pour qui il voterait…
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