Rébellion du MNLA au Mali : Ag Najem, ou la soif de vengeance

Ce Touareg dont le père a été tué par l’armée malienne lors de la révolte de 1963 voue une haine inextinguible au régime de Bamako. C’est lui le « cerveau » de la nouvelle rébellion touarègue. Portrait de Mohamed Ag Najem, un radical qui n’a pas peur de s’allier aux salafistes d’Aqmi.

Publié le 27 janvier 2012 Lecture : 2 minutes.

Depuis les attaques de Ménaka, Aguelhok et Tessalit, Mohamed Ag Najem est devenu l’ennemi public numéro un. Colonel de l’armée libyenne jusqu’en juillet 2011, il a quitté Bani Walid alors assiégé par les insurgés du Conseil national de transition (CNT) pour rejoindre son Mali natal avec troupes, armes et bagages.

Né à la fin des années 1950 dans l’Adrar des Ifoghas, Ag Najem est encore enfant quand son père est tué par l’armée malienne, lors de la rébellion touarègue de 1963. L’orphelin grandit dans la haine du pouvoir de Bamako. À 20 ans, il s’installe en Libye et s’engage comme volontaire dans l’armée de Kadhafi, alors en quête de chair à canon pour « combattre en Palestine ». Après une courte formation militaire au camp du 2-Mars, il fait son baptême de feu au Liban, plongé dans la guerre civile.

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Trahison

Au milieu des années 1980, il est sur le front tchadien puis, en 1990, retourne au Mali pour participer à la rébellion qu’anime Iyad Ag Ghali, l’un de ses anciens compagnons. Considérant l’accord de paix signé entre les rebelles touaregs et le gouvernement malien en avril 1992 comme une trahison, il regagne la Libye, où il s’engage définitivement dans l’armée, en prenant la nationalité libyenne. Ses états de service et ses aptitudes guerrières lui valent une promotion rapide et le commandement d’une unité d’élite à Sebha, dans le Sud libyen. La déliquescence du régime de Kadhafi accélère son retour dans son pays natal.

Son irrédentisme n’a pas été entamé par ce long exil. Il installe deux camps dans le désert, l’un à Tigherghar, aux confins de l’Algérie, l’autre à Zakak, dans la région de Kidal, déterminé à y préparer ses hommes à la lutte pour l’indépendance. Ses troupes grossissent au fil des jours. Il parvient à fédérer trois factions touarègues locales, puis est rejoint par une vague de déserteurs de l’armée malienne, dont plusieurs officiers supérieurs. Tous lui font allégeance. C’est ainsi qu’il devient chef d’état-major général du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), et le « cerveau » des attaques du 17 et du 18 janvier.

Mohamed Ag Najem est un Idnan – un clan de la tribu des Kel Adagh, communauté touarègue de l’Adrar des Ifoghas. Vivant entre le Mali et l’Algérie, les Idnan, guerriers réputés, sont également connus pour leur élégance. Élancé, le visage barré par une moustache, Ag Najem incarne aujourd’hui le courant le plus radical au sein des Touaregs.

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