Afrique du Sud : Koeberg, l’exception nucléaire

L’unique centrale du continent est située à Koeberg en Afrique du Sud. Contestée à ses débuts, elle fait maintenant la fierté du pays.

L’unique centrale nucléaire d’Afrique, au Cap en Afrique du Sud. © AFP

L’unique centrale nucléaire d’Afrique, au Cap en Afrique du Sud. © AFP

Publié le 17 janvier 2012 Lecture : 3 minutes.

Énergie : que la lumière soit !
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L’endroit est splendide. À gauche, l’océan Indien, Table Mountain, le massif montagneux qui surplombe la coquette cité sud-africaine du Cap, et Robben Island, où Nelson Mandela fut détenu durant dix-huit ans. À droite, l’océan Atlantique à perte de vue… Koeberg aurait pu être une plage magnifique, fréquentée par les familles du Cap. C’est l’un des lieux les plus sécurisés d’Afrique. Des contrôles à chaque porte, une carte électromagnétique avec code PIN par visiteur, des détecteurs à infrarouges : le fronton du principal bâtiment a beau souhaiter la bienvenue en afrikaans (« Welkom ») et en zoulou (« Siyanamukela »), il est difficile de se sentir à l’aise dans la seule et unique centrale nucléaire du continent.

Un choix politique de l’époque…

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Koeberg – deux réacteurs de 900 MW chacun qui fournissent 6 % de l’électricité du pays -, c’est la fierté de l’Afrique du Sud. C’est aussi un pan de son histoire. Son acte de naissance date de 1975, lorsque la France et l’Afrique du Sud de l’apartheid signent, malgré le tollé, un accord de coopération en matière d’énergie nucléaire. Les travaux débutent l’année suivante. Le site n’a pas été choisi au hasard. Certes, il y a les explications techniques : l’eau, indispensable pour une centrale nucléaire (pompée dans la mer, elle permet de refroidir certains composants du bâtiment des réacteurs), n’y manque pas. Mais il existe aussi une raison politique : Le Cap est, à l’époque, considéré comme une zone de repli potentielle pour les Blancs, « au cas où… » Cette centrale devait assurer son autonomie énergétique. En 1982, d’ailleurs, la branche armée de l’ANC a tenté de saboter le site – en vain. Le premier réacteur entre en activité en 1984, le second en 1985.

Les déchets radioactifs sont stockés sur place dans des cuves en béton depuis 27 ans.

À ses débuts, la centrale était contestée. Le nucléaire civil coûtait alors plus cher que le charbon, et fournissait moins d’emplois. Au sein même d’Eskom, la compagnie sud-africaine de production et de distribution d’électricité (la plus importante du continent), qui pilote la centrale de Koeberg en collaboration avec trois firmes françaises, Areva, Alstom et EDF, le nucléaire n’avait pas bonne presse. Mais aujourd’hui, les dirigeants de la société chantent ses louanges. Preuve de la haute technicité sud-africaine, la vitrine est plutôt avantageuse. Les 1 200 employés sont, selon un responsable du site, « en grande majorité des Sud-Africains recrutés au niveau bac, formés en interne durant sept ans, requalifiés toutes les six semaines, puis envoyés aux États-Unis ou en Grande-Bretagne pour laisser la place aux nouveaux ».

Suée froide

Dans la salle de contrôle, atteinte après moult barrages, les visages sont effectivement jeunes. En son for intérieur, le visiteur s’en inquiète. Le décor – boutons, graphiques, écrans, une zone bleue et une zone rouge à ne surtout pas franchir – et les bâtiments traversés pour y accéder – des turbines, et encore des turbines, dans un brouhaha assourdissant – jouent certainement un rôle dans cette suée froide passagère. La précision du guide aussi : les déchets radioactifs produits depuis vingt-sept ans sont stockés ici, dans de grandes cuves en béton. Comme partout dans le monde, on ne sait qu’en faire… Mais « pas d’inquiétude » : ici, les incidents sont rares, affirme-t-il. En 2005 et 2006, la centrale avait cependant subi plusieurs avaries qui avaient plongé la région dans le noir. Plus récemment, en septembre 2010, 91 employés ont été contaminés au cobalt 58 après un incident. Pas de quoi freiner les autorités. D’ici à 2030, le pays devrait se doter de six nouvelles centrales nucléaires. Un appel d’offres qui pourrait se chiffrer à 100 milliards d’euros. Le programme, abandonné en 2008, a été relancé fin 2010. Les besoins énergétiques de l’Afrique du Sud sont en effet colossaux. Actuellement, le pays consomme 50 % de l’électricité produite sur le continent.

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