Quand le fils Museveni promet des troupes à Poutine
Muhoozi Kainerugaba suggère l’envoi de soldats ougandais pour protéger Vladimir Poutine de menaces impérialistes.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 2 avril 2023 Lecture : 2 minutes.
Si le pays dirigé par son père fait assaut de contorsionnisme pour ne pas froisser la Russie, sans pour autant rompre avec l’Occident, le général quatre étoiles ougandais Muhoozi Kainerugaba a des avis plus tranchés sur la crise Ukrainienne. Alors que l’Ouganda s’abstint, lors des votes à l’ONU sur le conflit ukrainien, refusant d’appeler Moscou à un retrait de ses troupes d’Ukraine, le fils du chef de l’État ougandais Yoweri Museveni enfonçait sèchement le clou en déclarant : « Comment pouvons-nous être contre quelqu’un qui ne nous a jamais fait de mal ? »
Habitué des saillies polémiques sur Twitter, Muhoozi Kainerugaba ne dédaigne pas qu’on le qualifie de « poutiniste », évoquant, ces derniers jours, la « propagande pro-ukrainienne inutile » de l’Occident. Dans un récent tweet, il suggère que l’Ouganda envoie des soldats pour « défendre Moscou », en cas de « menaces impérialistes » formelles sur la Russie.
https://twitter.com/mkainerugaba/status/1641472485315969026
Depuis plusieurs années, les posts du « fils de » gênent aux entournures un paternel pourtant lui-même fantasque. En octobre dernier, Yoweri Museveni avait dû présenter ses excuses au nouveau président kenyan pour les sorties belliqueuses de son fils, qui n’excluait pas d’envahir Nairobi. Le chef de l’État ougandais promettait alors que son rejeton – seul fils d’une fratrie de quatre – ne tweeterait plus sur les affaires du pays. À la même période, alors que le gouvernement d’extrême droite accédait au pouvoir italien, Kainerugaba exprimait le souhait d’épouser la présidente du Conseil des ministres, Giorgia Meloni, en échange d’un peu de bétail…
Un fils en campagne
Alors que le parti du président ougandais, le National Resistance Movement (NRM), considère Yoweri Museveni comme son seul candidat aux élections générales de 2026 – il sera octogénaire et comptera quatre décennies au compteur du pouvoir –, le fils tweetait, ce 15 mars : « Au nom de Jésus-Christ mon Dieu, au nom de tous les jeunes d’Ouganda et du monde et au nom de notre grande révolution, je me présenterai à la présidence en 2026. » Et de dissiper tout doute sur l’issue dudit scrutin : « Je serai le président de l’Ouganda après mon père. »
En guise d’outil de promotion de cette candidature, Muhoozi Kainerugaba vient d’annoncer, à 48 ans, la création d’une chaîne de télévision et de radio portant sa marque, « MK ». Par le passé, les chantres du pouvoir n’excluaient pas une succession familiale au sommet de l’État, via le fils parfois surnommé « générateur de secours ». Pour peu que la succession soit à l’ordre du jour en Ouganda. Et avant que le « générateur » ne qualifie le parti de groupe « réactionnaire » à la « politique cannibale ».
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