Banque : repli stratégique des groupes français en Afrique
Acteurs historiques en Afrique, BNP Paribas, Société générale et Crédit agricole se désengagent peu à peu.
Les établissements français réduisent la voilure en Afrique. Commencée avec la crise financière de 2008, cette tendance se renforcera en 2012, avec la crise des dettes souveraines en Europe, qui oblige les banques, notamment hexagonales, à renforcer leurs fonds propres et à économiser 235 milliards d’euros d’ici à 2013.
Ainsi, BNP Paribas, Société générale et Crédit agricole, qui ont longtemps dominé le financement du commerce des matières premières et des produits de base entre l’Afrique et l’Europe, réduiront cette activité. En outre, « on s’attend à ce que les établissements français, qui jusque-là dominaient le financement du commerce intrarégional, cèdent du terrain aux banques locales », affirme-t-on dans les milieux bancaires africains.
Il faut dire que les banques françaises ont déjà perdu de leur emprise au sud du Sahara au cours des cinq dernières années. Dans les états-majors des groupes, on préfère parler de réorganisation stratégique. Celle-ci consiste notamment à se renforcer sur les principaux marchés – Côte d’Ivoire, Sénégal, Cameroun – et à concentrer les efforts sur les activités les plus rentables. Ainsi, Société générale a gelé ses acquisitions en Afrique francophone, mais a annoncé en juin 2010 un plan stratégique visant à ouvrir 90 agences d’ici à 2015, principalement au Sénégal et en Côte d’Ivoire, où il se lance aussi dans le mobile banking.
Exception
Tout en se renforçant sur les mêmes marchés, BNP Paribas s’est retiré de la Mauritanie et de Madagascar. Crédit agricole s’est quant à lui recentré depuis deux ans sur la banque de détail en Europe et dans le Bassin méditerranéen. Il a ainsi cédé à Attijariwafa Bank, en 2010, cinq de ses filiales subsahariennes (Congo, Côte d’Ivoire, Cameroun, Gabon et Sénégal). La banque vient aussi de se désengager de sa filiale sud-africaine, et de nombreux analystes la soupçonnent de vouloir quitter l’Algérie et la Tunisie.
Exception à cette tendance : Banque populaire Caisse d’épargne (BPCE) nourrit des ambitions d’expansion au sud du Sahara. Après être sorti du Crédit industriel et commercial (CIC) au Maroc, il a repris en juillet 75 % de la Banque malgache de l’océan Indien (BMOI) et 19,4 % de la Banque nationale du développement agricole (BNDA), au Mali. BPCE est actuellement en négociation pour la prise de contrôle de Banque Atlantique Côte d’Ivoire (Baci).
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