En Algérie, 3 ans de prison ferme pour Ihsane El-Kadi

Le tribunal de Sidi M’Hamed à Alger a condamné ce dimanche le patron de presse algérien Ihsane El-Kadi, poursuivi pour « financement étranger de son entreprise », à cinq années d’emprisonnement, dont trois ferme.

Des manifestants protestent contre les atteintes à la liberté de la presse, à Alger, en 2019 (Archives/illustration). © RYAD KRAMDI / AFP

Publié le 2 avril 2023 Lecture : 2 minutes.

Le parquet avait requis cinq ans de prison ferme, assortis d’une interdiction d’exercer pour la même durée à l’encontre du dirigeant d’un des derniers groupes de presse indépendants d’Algérie, qui comprend Radio M et le site d’information Maghreb Émergent. Le journaliste et patron de presse algérien Ihsane El-Kadi, poursuivi pour « financement étranger de son entreprise », a été condamné ce dimanche 2 avril à cinq ans de prison, dont trois ferme, a annoncé le tribunal de Sidi M’Hamed à Alger, qui a rendu son verdict en présence de l’accusé.

Le tribunal a également prononcé la dissolution de la société Interface Médias, éditrice des deux médias dirigés par Ihsane El-Kadi, la confiscation de tous ses biens saisis, et dix millions de dinars (plus de 68 000 euros) d’amende contre son entreprise. Sa société a également été condamnée à dédommager l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (Arav) à hauteur de un million de dinars. À titre personnel, il a écopé d’une amende de 700 000 dinars. « Nous allons faire appel de ce jugement dans les délais requis, selon l’accord préalable avec notre client », a indiqué Me Abdelghani Badi, un des avocats de la défense, qui a boycotté l’audience.

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Pétition de Reporters sans frontières

Ihsane El-Kadi était accusé de « financement étranger de son entreprise », au titre de l’article 95 bis du code pénal. Ce texte prévoit une peine de prison de cinq à sept ans pour « quiconque reçoit des fonds, un don ou un avantage […] pour accomplir ou inciter à accomplir des actes susceptibles de porter atteinte à la sécurité de l’État, à la stabilité et au fonctionnement normal de ses institutions, à l’unité nationale, à l’intégrité territoriale ».

Après quatre jours de garde à vue, il avait été placé en détention provisoire le 29 décembre dans le cadre d’une enquête pour collecte illégale de fonds et atteinte présumée à la sûreté de l’État. Ihsane El-Kadi est soupçonné « d’avoir reçu des sommes d’argent et des privilèges de la part de personnes et d’organisations dans le pays et à l’étranger afin de se livrer à des activités susceptibles de porter atteinte à la sûreté de l’État et sa stabilité », avait alors indiqué la Cour d’Alger. Au lendemain de son interpellation, le siège de l’agence Interface Médias avait été mis sous scellés et le matériel saisi.

L’arrestation d’Ihsane El-Kadi et la mise sous scellés des bureaux des médias qu’il dirige ont suscité une vague de solidarité parmi ses collègues et les militants des droits humains en Algérie et en Europe. Une pétition lancée par l’organisation Reporters sans frontières (RSF) pour obtenir sa libération a recueilli plus de 10 000 signatures. Début janvier, 16 patrons de presse de divers pays, dont le prix Nobel de la paix Dmitri Mouratov, réunis par RSF, avaient appelé à sa libération et à lever les entraves « inadmissibles » visant ses médias.

(avec AFP)

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