CAN 2012 : des droits télévisés à prix d’or
Après une flambée il y a quatre ans, le montant des droits télévisés de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) reste stable. Mais excessif, pour de nombreux pays.
Idriss Akki aime les ballons qui tournent rond. Le patron du secteur Afrique de Sportfive, mandataire exclusif de la Confédération africaine de football (CAF) pour la vente des droits télévisés de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2012, assure que « ce sera la plus belle de toutes les CAN. C’est la vitrine du football africain, et la CAF a mis de gros moyens techniques pour que ce soit un produit de très haut niveau ». Un produit qu’Akki sait vendre malgré la crise, qui n’épargne pas l’Afrique. Même à ceux qui s’inquiètent du montant des droits de retransmission, inaccessible pour la plupart des pays du continent, il jure : « Tout le monde va voir la CAN ! » Cela reste à prouver…
Il y a deux ans, des chiffres, jamais démentis – en tout cas par la CAF, toujours très discrète -, avaient circulé : 1,5 million d’euros avait été réclamé aux chaînes nationales subsahariennes (hors Nigeria) par LC2-Afnex, la société du Béninois Christian Lagnidé, détentrice des droits de diffusion pour la zone, tandis que les pays d’Afrique du Nord étaient priés de s’acquitter de 1 million de dollars (près de 700 000 euros, à l’époque) par match auprès de la chaîne qatarie Al-Jazira.
Le Maroc et la Tunisie avaient dit non ; l’Algérie, elle, n’avait pas voulu priver ses téléspectateurs des matchs des Fennecs. Au sud, le Nigeria avait réglé 3,5 millions d’euros, le Togo d’Adebayor avait refusé.
En 2012, les choses n’ont pas vraiment évolué. Malgré l’absence de plusieurs grandes équipes, la 28e CAN devrait avoir de l’allure, avec le Ghana, quadruple vainqueur et finaliste 2010, la Côte d’Ivoire, le Maroc et la Tunisie. Résultat : si les droits ne se sont, cette année, pas envolés, ils n’ont pas baissé pour autant.
Dix matchs pour 10 millions de dollars
Al-Jazira a maintenu ses prix : pour 10 matchs sur les 32 au programme, ce sera 10 millions de dollars (plus de 7,8 millions d’euros). Cette fois, Abdelkader Bouazza, le responsable des droits sportifs de la Société nationale de radiodiffusion et de télévision (SNRT) marocaine, a accepté la proposition qatarie. « Nous avons donné notre accord de principe à Al-Jazira pour dix matchs à ce tarif, ceux de la sélection nationale, plus le match d’ouverture et la finale. On n’a pas voulu priver les Marocains de cet événement important. »
Les dirigeants tunisiens ont quant à eux été très clairs sur les raisons de leur refus : « Nous n’avons pas voulu payer 7 millions d’euros pour dix matchs. C’est un prix excessif, hors de portée pour nous, surtout dans la situation actuelle de notre pays. »
Pas d’accord global
Du côté de l’Afrique subsaharienne, les négociations engagées en juillet 2011 entre l’Union africaine de radiodiffusion (UAR) et LC2-Afnex pour tenter de trouver un accord global (hormis pour l’Afrique du Sud, qui a acquis les droits de son côté, et le Swaziland) ont échoué. Selon le Réseau de l’audiovisuel public d’Afrique francophone (Rapaf), qui regroupe une vingtaine de télévisions affiliées à l’UAR, des accords bilatéraux ont finalement été négociés entre la société de Christian Lagnidé et les pays qualifiés (Mali, Sénégal, Côte d’Ivoire) sur la base de 1 million d’euros pour l’ensemble des matchs de la CAN 2012 – le double avec ceux de la CAN 2013. Qualifié pour la première fois de son histoire, le Niger, classé parmi les dix pays les plus pauvres du monde, a fait un très, très gros effort pour bénéficier des retransmissions.
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