CAN 2012 : Éléphants courageux et Lions fatigués !
La Côte d’Ivoire a gagné sa place au sein de l’élite. Le Cameroun a tout gâché. Retour sur l’année 2011 des Ivoiriens, qualifiés, et des Camerounais, éliminés.
En l’absence des poids lourds que sont l’Égypte, le Cameroun, le Nigeria et l’Algérie, les Éléphants ivoiriens font office de grands favoris pour la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2012.
Pour gagner leur place dans cette compétition continentale, les joueurs se sont concentrés sur leur métier, tandis que leur patrie était déchirée entre les partisans de l’ex-chef de l’État Laurent Gbagbo et ceux de l’actuel, Alassane Dramane Ouattara (ADO), autour des résultats de la présidentielle du 28 novembre 2010.
Une situation qui avait contraint la Confédération africaine de football (CAF) à délocaliser à Accra le match des Éléphants contre les Écureuils du Bénin (2-1 pour les Ivoiriens), le 27 mars, qui comptait pour les éliminatoires de la CAN. « Les joueurs ont vécu difficilement cette période, confie un membre du staff de l’équipe nationale. Mais ils étaient toujours de coeur avec leurs compatriotes, et le meilleur cadeau au peuple ivoirien a été la qualification avant le terme des éliminatoires. »
Botswana et Niger : invités surprises
Les Zèbres sont, avec les Nigériens, les qualifiés que l’on n’attendait pas. Premiers à avoir décroché leur billet pour la phase finale – leur première -, ils ont laissé un souvenir amer à Bertrand Marchand, l’ancien sélectionneur d’une Tunisie qu’ils ont battue deux fois (par 1 but à 0) : « Ce n’est pas une équipe très spectaculaire. Mais elle défend très bien, joue en contre et possède quelques joueurs capables de faire la différence. » Coaché par un local, Stanley Tshosane, le Botswana, ne comptait aux dernières nouvelles aucun international évoluant en Europe. Si quelques-uns jouent en Afrique du Sud, la plupart figurent dans les principaux clubs (Township Rollers, Botswana Defence Force XI, Gaborone United) du championnat national.
Egos surdimensionnés
Le changement de pouvoir à Abidjan n’a finalement pas eu d’incidence sur l’équipe. De Gbagbo à Ouattara, le rite s’est perpétué pour Didier Drogba et ses partenaires : à la veille de chaque grand match, ils sont reçus en audience par le président de la République. Le 7 octobre, avant sa dernière rencontre de qualification pour la CAN 2012, disputée à Abidjan contre le Burundi (et remportée 2-1), l’équipe nationale s’est rendue au palais présidentiel. Didier Drogba a remis le brassard de capitaine et un maillot floqué « ADO » au chef de l’État. Lequel a confié une mission à « ses nouveaux partenaires » : celle de remporter la Coupe d’Afrique, comme en 1992 ; il était alors Premier ministre. Dans cette entreprise, le premier adversaire des Éléphants sera le manque d’esprit d’équipe et l’ego surdimensionné de quelques joueurs, dont certains se détestent cordialement.
Un mal qui frappe aussi le vestiaire camerounais. Les Lions indomptables, qu’on croyait en convalescence, ont plongé dans un profond coma au fil de l’année écoulée. Non contente de regarder la CAN à la télé, après son élimination dans un groupe pourtant à sa portée (Sénégal, RDC, Maurice), la sélection enchaîne les scandales. Le dernier en date est le refus des joueurs de se rendre en Algérie pour un match amical, à la mi-novembre, au prétexte du non-paiement d’une « prime de présence ».
La Fecafoot en question
Les membres de la sélection multiplient les reproches envers leurs dirigeants. « On nous traite comme des enfants », confie un joueur, qui accuse : « À Marrakech, les chambres n’avaient pas été payées par la fédération. En pleine nuit, la direction de l’hôtel nous a demandé de les libérer. »
Fini, donc, l’époque où les Lions inspiraient crainte et respect. Premier visé par les sanctions de la fédération camerounaise (Fecafoot) : Samuel Eto’o, 30 ans, l’un des footballeurs les mieux payés au monde – il joue depuis juillet dans le championnat russe, pour le club d’Anji Makhatchkala (Daguestan), où son salaire net dépasse 20 millions d’euros par an. L’attaquant camerounais, chef de la contestation, a été suspendu de la sélection pour 15 matchs. Une sanction que le comité exécutif de la Fecafoot a réduite, le 6 janvier, à huit mois de suspension (soit 4 matchs), qui le tiennent hors de l’équipe nationale jusqu’au 31 août. Tout de même.
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