CAN 2012 : l’art du rebond

MARWANE-BEN-YAHMED_2024

Publié le 20 janvier 2012 Lecture : 2 minutes.

Le grand rendez-vous du football africain va fêter sa dernière édition… des années paires, pour ne plus doublonner avec la Coupe du monde. Qu’importe le flacon, ces petits arrangements avec le calendrier qui aboutiront à deux Coupes d’Afrique des nations (CAN) d’affilée, pourvu qu’on ait l’ivresse !

L’édition 2012, qui se déroulera chez les « frères ennemis » du Gabon et de Guinée équatoriale, en tout cas, promet. D’une part, parce que le plateau proposé est inédit : des cadors éjectés de leur piédestal (Cameroun, Nigeria, Égypte…), des invités-surprises (Libye, Botswana, Niger…) et une pléiade d’équipes qui ont, peu ou prou, les mêmes chances de l’emporter (Ghana, Sénégal, Maroc, Côte d’Ivoire…). Bref, suspense garanti et spectacle – j’en prends le pari – assuré. D’autre part, parce que les stars – les vraies, pas celles dont le statut en club est à des années-lumière de ce qu’elles démontrent en sélection – actuelles ou en devenir seront là.

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Il y aura toujours des esprits chagrins pour seriner qu’en matière de football il y a mieux qu’une Coupe d’Afrique des nations pour vibrer devant son petit écran. Désorganisation, impréparation, travail tactique sommaire, relations humaines conflictuelles et, surtout, liaisons dangereuses entre sport et politique… La litanie des lacunes ou des griefs attribués au continent est un véritable serpent de mer. Et ce n’est pas, entre autres, le grand « footoir » camerounais, excusez la lapalissade, qui contredira les sceptiques.

Le temps des « sorciers blancs », jusqu’ici érigés en panacée (fort onéreuse) est révolu.

Raison, sérieux, vision, formation, travail sur le long terme sont, il est vrai, autant de notions jusqu’ici le plus souvent bannies du bréviaire sportif continental. Et nos dirigeants (chefs d’État, présidents de fédération ou ministres des Sports), par goût, calculs politiciens ou volonté de préserver privilèges, rentes de situation et membres de leurs clans, aiment à se mêler de tout dans le sport roi, du choix des hommes à la tactique à employer. Même si leur expérience en la matière se borne généralement à l’observation assoupie de matchs de Premier League, une bière ou un jus de fruit à la main… Pas facile pour un sélectionneur, dans ces conditions, de bien travailler. N’est-ce pas, Henri Michel ?

Mais les temps changent. Un exemple, un seul, mais ô combien révélateur et prometteur : le temps des « sorciers blancs », jusqu’ici érigés en panacée (fort onéreuse) pour les patients africains, semble révolu. Amara Traoré (Sénégal), François Zahoui (Côte d’Ivoire), Harouna Doula (Niger), Mohamed Abdallah (Soudan), Sami Trabelsi (Tunisie), Lito Vidigal (Angola), Stan Tshosane (Botswana) : des sélectionneurs africains à la tête d’équipes africaines, enfin, comme l’appelait de ses voeux dans ces colonnes, à l’occasion de la Coupe du monde sud-africaine, le très sage et expérimenté ex-président de l’Olympique de Marseille Pape Diouf qui signait une tribune intitulée « Faire confiance aux entraîneurs africains » dans notre spécial Mondial 2010). Cela ne garantit évidemment rien, en termes de performances comme de spectacle, mais c’est un signe fort : le football africain, lui aussi, fait sa révolution.

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