Algérie : la question de l’après-Bouteflika n’est plus un sujet tabou

Pour la première fois en Algérie, la question de la succession du président Abdelaziz Bouteflika en 2014 a été posée publiquement. Qui plus est par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia.

Abdelaziz Bouteflika et Ahmed Ouyahia, à Alger en septembre 2010. © Zohra Bensemra/Reuters

Abdelaziz Bouteflika et Ahmed Ouyahia, à Alger en septembre 2010. © Zohra Bensemra/Reuters

Publié le 25 janvier 2012 Lecture : 2 minutes.

« Un quatrième mandat d’Abdelaziz Bouteflika servirait-il les intérêts de l’Algérie ? » s’est interrogé Ahmed Ouyahia le 7 janvier, en pleine conférence de presse, alors qu’un journaliste lui demandait si sa formation politique, le Rassemblement national démocratique (RND), soutiendrait la candidature du président sortant en 2014.

Certes, il ne s’exprimait pas en tant que Premier ministre, mais en sa qualité de secrétaire général du RND, au lendemain de son conseil national. Il n’empêche : jamais la question de « l’après-Boutef » n’avait été évoquée de manière si directe, qui plus est par le chef d’un parti dont le soutien n’a jamais fait défaut au président Bouteflika depuis son retour aux affaires.

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Revirement

Ce débat intervient alors que le conseil national du RND milite pour un régime semi-présidentiel et pour la limitation à deux du nombre des mandats, dans le cadre de la prochaine révision constitutionnelle. Un revirement complet : en 2008, le RND avait fait campagne pour la levée de cette disposition afin de permettre au même Bouteflika de briguer un troisième mandat.

Ouyahia, cependant, ne renie rien. Pour lui, la personnalité et le passé d’Abdelaziz Bouteflika avaient fait de lui « un refuge dans une conjoncture particulière, où l’Algérie souffrait du terrorisme », et le processus des réformes « exigeait son maintien au pouvoir ».

Jumeaux

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Le Premier ministre, qui n’est pas réputé pour parler à la légère, n’aurait pas fait une telle déclaration sans avoir préalablement abordé la question avec le principal intéressé, qui, à la fin de son mandat, le 7 mai 2014, aura 77 ans, 2 mois et 5 jours, selon sa biographie officielle. S’agissant de ses propres ambitions présidentielles, Ahmed Ouyahia a botté en touche en affirmant que « la question n’est pas à l’ordre du jour ». Sur le plan politique, ses propos témoignent du fossé qui sépare les frères jumeaux du courant nationaliste, le FLN et le RND. Il y a quelques semaines, Abdelaziz Belkhadem, le secrétaire général de l’ancien parti unique, avait solennellement annoncé que sa formation comptait investir Abdelaziz Bouteflika pour le scrutin de 2014.

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